Si cette situation de crise met en lumière le rôle central de l’action locale, elle constitue une preuve supplémentaire de la dégradation alarmante de notre système de santé, d’accès aux soins et particulièrement de l’hôpital public. La COVID-19 a joué le rôle d’accélérateur d’un processus que les gouvernements successifs n’ont cessé d’aggraver depuis des décennies.
Le Conseil scientifique alerte sur la fragilisation du système de santé face à une nouvelle vague du virus et face à l’épuisement des soignants, la dégradation de leurs conditions de travail et leur départ en série. Faute de personnel, c’est la fermeture de 20% des lits dans les grands hôpitaux publics. Ce constat confirme une tendance déjà bien établie : depuis 2013, ce sont 27 000 lits fermés. Les impératifs financiers ont conduit à économiser plus de 8 milliards d’euros en 10 ans au détriment des effectifs, de la qualité et de la sécurité de soins. En 2019, avant la pandémie, la crise des hôpitaux avait déjà pris une ampleur rendant impossible l’accueil et la prise en charge qualitative des patients.
Si l’augmentation de la rémunération des soignants permise par le Ségur de la santé est une bonne nouvelle, ces mesures sont loin d’être suffisantes. La crise de l’hôpital public est plus profonde. Il est urgent d’apporter des réponses de long terme avant que l’ensemble du système ne s’écroule. L’hôpital public ne survivra pas en répondant à des logiques de rationalisation et de rentabilité. Il s’agit, au contraire, de déployer les moyens nécessaires pour améliorer le quotidien des soignants, pour que les patients soient accueillis, accompagnés et soignés dans des conditions dignes.
L’hôpital demeure aujourd’hui encore le seul lieu d’accueil et de soins ouvert 24h sur 24 et 365 jours dans l’année. Il constitue, pour celles et ceux vivant dans des déserts médicaux, pour les plus précaires, les personnes isolées, les plus éloignées des soins, une porte d’entrée vers l’accès à leur droit fondamental à la santé.