Equipement polyvalent Pyramide. Dénomination « Annie Steiner ».

Conseil municipal du 7 octobre 2024
Mercredi 9 octobre 2024 — Dernier ajout lundi 14 octobre 2024

Madame le Maire, chers collègues, mesdames et messieurs,

Au nom du groupe des élus communistes, nous tenons à vous remercier de mettre à l’honneur le nom d’Annie Steiner pour ce bel équipement qui fera se côtoyer nos habitants du plus jeune au moins jeune.

Annie Steiner, militante communiste, était une femme d’honneur qui tout au long de sa vie a lutté pour ses convictions anticolonialistes et anti impérialistes.

Pour ma part j’ai découvert son histoire lors d’un voyage organisé par la section PCF de Vénissieux en 2022. Au passage, j’ouvre une parenthèse pour rétablir les choses une fois pour toute sur les ragots déversés par des polémiqueurs malveillants. Ce voyage n’était en aucun cas financé par la Ville de Vénissieux mais une initiative organisée et financée par la section PCF de Vénissieux. Fin de la parenthèse

Pour revenir à mon propos, ce voyage de 5 jours avait pour but d’aller sur les traces de militants communistes français qui avaient lutté aux cotés des algériens pendant la révolution algérienne, mais aussi de rencontrer des anciens moudjahidines ( : ndlr anciens combattants en Algérie) et de découvrir l’Algérie d’aujourd’hui. Cette expérience fut pour ma part et pour tout le groupe une aventure incroyablement riche en apprentissages sur notre histoire commune mais aussi un bouleversement émotionnel auquel nous n’étions pas préparés.

Au cours de ces 5 jours, nous avons découvert, ces parcours de militants qui ont marqué l’histoire avec un grand H. Ces hommes et ces femmes français ou algériens de naissance qui ont combattu ensemble et d’une seule voix le racisme et le colonialisme pour leurs valeurs humanistes.

Annie Steiner, était de ceux-là. Cette fervente militante de la cause algérienne durant la guerre de libération nationale (1954-1962), est née en 1928 à Hadjout, près de Tipaza, dans une famille établie en Algérie depuis trois générations. En autodidacte, elle apprend l’arabe dès l`âge de 12 ans, à un moment où les colons méprisaient les autochtones qu’ils qualifiaient d’indigènes.

Diplômée universitaire en 1949, cette militante communiste travaillera dans les centres sociaux algériens, créés par Germaine Tillion (ethnologue française anticolonialiste et figure de la résistance) et elle avait pour mission de soigner et d’alphabétiser la population. Elle sera donc exposée au quotidien à "l’oppression et l’injustice du colonialisme français envers le peuple algérien", avait-t-elle confié. Refusant de voir le système colonial réduire les Algériens à la misère et à l’exploitation, Annie Steiner place les valeurs de liberté et de justice au-dessus de tout, ce qui l’amènera à adhérer au Front de Libération nationale. Au lendemain de l’indépendance, elle contribuera, avec d’autres cadres algériens, à la réorganisation de la nouvelle administration après le départ de l’encadrement administratif de la France coloniale. Cette moudjahida est décédée le 21 décembre 2021 est enterrée au cimetière des martyrs de El Aalia sur les hauteurs d’Alger. Son engagement en faveur de l’indépendance algérienne lui coûtera plusieurs condamnations et elle sera notamment incarcérée dans la sinistre prison de Barberousse (Serkadji), sur les hauteurs d’Alger, où elle subira pressions, intimidations et tortures psychologiques et physiques.

Ce lieu de crimes et de tortures colonial, nous l’avons visité et je peux témoigner de l’atmosphère lourde et oppressante qui y règne aujourd’hui encore, alors que le lieu est totalement désaffecté et fermé au public depuis la libération de l’Algérie.

Pour finir, en hommage à Annie STEINER, je dédie à toutes les militantes et militants qui ont résisté et qui résistent encore, à l’oppression et aux crimes du colonialisme, ces lignes qu’elle a écrites depuis sa cellule de la prison Serkadji, le 11 février 1957. En effet, ce triste jour , sous les yeux d’Annie, Ahmed Lakhnèche, Mohamed Ouenouri, et Fernand Iveton, communiste profondément épris de paix et de liberté , militant pour l’Algérie libre, seront décapités à la guillotine sous les yeux d’Annie, par l’armée coloniale. Cette amie du poète Jean Sénac, après avoir assisté au supplice de ses 3 camarades, écrira le soir même, les vers suivant : «  (…) Ce matin ils ont osé. Ils ont osé vous assassiner En nos corps fortifiés Que vive notre idéal Et vos sangs entremêlés Pour que demain ils n’osent plus Ils n’osent plus nous assassiner. Ce matin ils ont osé Ils ont osé vous assassiner C’était un matin clair Aussi doux que les autres Où vous aviez envie de vivre et de chanter Vivre était votre droit Vous l’avez refusé Pour que par votre sang d’autres soient libérés. (…) »

Quelques minutes avant d’être exécuté, Fernand Iveton peut encore prononça ces mots : « La vie d’un homme, la mienne, compte peu. Ce qui compte, c’est l’Algérie, son avenir. Et l’Algérie sera libre demain. Je suis persuadé que l’amitié entre Français et Algériens se ressoudera ». Dans sa cellule, il avait écrit « Je ne suis pas musulman (…) mais je suis algérien d’origine européenne […] ma place est aux côtés de ceux qui ont engagé le combat libérateur » (Propos rapportés par son jeune avocat commis d’office, Maître Albert Smadja).

Enfin pour conclure, je dirai :

  • puisse la mémoire des martyrs pour la paix être toujours rappelée et honorée pour ne pas les oublier.

merci pour votre attention

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