Au niveau mondial, avec ces derniers jours la chute du régime syrien face à des actions simultanées de ses opposants syriens, des djihadistes de tous pays anciennement d’Al Qaida, de la Turquie et des kurdes aidés par les USA, d’Israël pour couper les arrières des mouvements de résistance pro-palestiniens, et même des conseillers ukrainiens devenus expert dans l’usage de drones, sans compter les moyens d’observation spatiale occidentaux justement pour l’usage des drones qui deviennent un élément central des guerres.
Incertitude aussi au niveau national avec pour la première fois, des collectivités qui préparent un budget sans cadre budgétaire national, beaucoup comme la métropole ayant dû reporter leur agenda budgétaire, après la chute du gouvernement Barnier dans une assemblée nationale sans majorité en dehors d’une alliance des droites.
A vrai dire, ce sont toutes les démocraties occidentales qui sont en crise profonde :
- Le modèle parlementaire allemand du consensus au centre éclate face à l’impasse d’une transition énergétique qui reposait sur le gaz, à la crise migratoire qui croyait accompagner la puissante industrie allemande désormais en perdition, à la poussée de l’extrême-droite qui s’installe comme un fantôme de retour.
- le modèle présidentiel états-uniens est écrasé sous les milliards de publicités mensongères, vulgaires, racistes, machistes les plus vils, transformant les électeurs des milieux populaires en hooligans au service des milliardaires.
- le modèle français entre parlementarisme et présidentialisme qui devait assurer l’unité du pays est au bout, la 5e république incapable de construire une majorité, un président qui s’en amuse et reste coupé du peuple, un parlement perdu dans des polémiques politiciennes sans fin.
En fait, dans les trois cas, la démocratie occidentale qui se prétendait le pouvoir du peuple se révèle pour ce qu’elle est, le pouvoir des plus riches, le cas Trump en étant l’archétype.
Le contraste avec la situation vénissiane est frappant. Notre situation financière est saine, et les documents d’orientation budgétaire montre qu’on était capable de tenir sur nos missions et nos investissements, malgré l’hypothèse de prélèvements par l’état de 2 ou 3 millions. Notre majorité politique est unie au travail sur des réalisations de notre plan de mandat qui s’accélèrent après les années compliquées de confinement et de crise de l’énergie. Le chantier de la reconstruction de la piscine Delaune, de l’équipement polyvalent pyramide, après la couverture des tennis, la végétalisation de deux cours d’école par an, la création d’espace fraîcheur dont l’incroyable réalisation de jeux d’eau boulevard Coblod… En général, l’opposition dans ce conseil, n’est-ce pas monsieur Iacovella, nous reprochait de ne pas investir assez. Ce débat d’orientation nous annonce un record d’investissement, pas loin de 30M€, le double de la moyenne des dernières années.
Et nous continuons à faire tout notre possible pour que les moyens de la ville jouent tout leur rôle d’amortisseur social, pour accompagner au mieux les Vénissians face aux crises sociales, pour l’accès à l’emploi, le logement, l’école, la santé, la tranquillité, l’adaptation au changement climatique. Malgré les pertes de recette cumulées ces dernières années, malgré l’inflation qui pèse sur nos dépenses, nous n’avons pas fait comme presque tous nos voisins, de fortes augmentation de taxe foncière, nous n’avons pas fermé de services ni réduit nos missions, nous avons tenu le choc parce-que depuis toujours, nous faisons le choix du service public, de son efficacité qui repose sur des agents. C’est d’ailleurs le deuxième reproche que nous font les oppositions en général, nous aurions trop de fonctionnaires, notre masse salariale serait trop grande et pèserait trop sur notre budget.
C’est vrai que d’autres collectivités ont fortement externalisé des missions et réduit la masse salariale. Sauf qu’elles perdent en capacité, en savoir-faire, et donc en flexibilité pour innover et s’adapter à des contextes changeants. D’ailleurs, ce qui nous permet d’envisager des années record d’investissement, c’est justement que nos équipes techniques sont au complet.
Permettez-moi d’insister sur ce point sur des sujets que je connais bien. Notre ville a donc obtenu une évaluation remarquable pour la labellisation territoires engagés pour la transition écologique, et je peux vous dire que cela repose sur l’engagement et la qualité de dizaines de fonctionnaires, du service environnement, espaces verts, énergie, patrimoine.
Et tout l’art d’une bonne gestion municipale, c’est la mobilisation des agents publics au service des habitants. Et là aussi, notre ville contraste avec la crise démocratique que j’évoquais au début. La consultation citoyenne organisée cet automne autour de nos assemblées générales de conseil de quartier va laisser des traces. 8 000 Vénissians ont participé en donnant leur avis sur trois thèmes, l’espace public, la sécurité, la prévention. Et nous avons tous apprécié la contribution des cadres de la ville mobilisés dans les AG de conseil de quartier, un pari risqué mais réussi et je crois autant pour les cadres qui ont découvert un rôle nouveau qui donne du sens à leur métier, le sens de son intérêt public, que pour les habitants qui sont passés d’une situation classique d’interpellation des élus à un rôle plus collectif au cœur des conseils de quartier, des citoyens qui deviennent acteurs du débat public.
Oui, notre débat d’orientation repose sur la continuité de ces choix en faveur d’un service public qui accompagne les habitants les plus en difficulté tout en répondant aux attentes de tous pour le cadre de vie, le développement de la ville, l’éducation, le sport et la culture.
C’est d’ailleurs bien pour ce lien entre cadre de vie et urgences sociales que je veux conclure sur un dossier qui nous préoccupe, l’interdiction en janvier prochain des véhicules Crit’Air 3 dans la ZFE lyonnaise. Nous avions cette année 3000 véhicules Crit’Air4 et 5 interdits, mais ces véhicules étaient peu roulants. Mais nous aurons en janvier au total 10 000 véhicules interdits d’accès à Lyon, au périphérique, aux M6 M7… Nous savions que l’impact social de la ZFE était crucial. D’ailleurs, notre majorité avait émis un avis réservé argumenté il y a un an. Et le groupe communiste à la métropole était allé au bout de ces réseves en votant contre la délibération ZFE pour affirmer que la loi ZFE devait être totalement revue. Mais cette nouvelle étape de la ZFE arrive dans un contexte de crise sociale qui la rend trop violente, il faut trouver comment mieux accompagner les milliers d’habitants des quartiers populaires qui ont besoin de leur voiture pour travailler, pour des besoins de santé, de vie de famille… Ce n’est pas dans cette année de contrainte budgétaire que la métropole pourra accélérer les mesures d’accompagnement à l’échelle de la crise sociale. Il faut ouvrir le dossier et donner du temps aux habitants. Celui qui n’a pas pu changer de véhicule ne commet pas de délit, la sanction ne doit pas être l’outil de la ZFE.
Ce dossier ZFE confirme qu’il faut des moyens considérables pour accompagner les politiques environnementales, et notamment les efforts d’adaptation au changement climatique, et qu’il faut trouver le bon équilibre entre l’urgence de la décarbonatation et le temps nécessaire d’adaptation. Malgré la crise politique et ses conséquences budgétaires, nous devons d’abord être à l’écoute des habitants.