Cécile et Henri Rol-Tanguy. Dénomination de la rue située entre la rue Paul Bert et la rue du Château, au droit du projet de maison des mémoires.

Conseil municipal du 7 avril 2025.
Vendredi 11 avril 2025

Madame le Maire, Mesdames, Messieurs les élus,

C’est non seulement avec une grande fierté mais aussi avec beaucoup d’émotion que j’interviens sur ce rapport.

Étant Vénissian depuis toujours, j’ai connu l’école de musique et le musée de la Résistance dans la maison Henri Rol-Tanguy. Ce lieu, future maison des mémoires de Vénissieux, verra sa dénomination changée au profit d’une autre figure de la résistance. Mais il est aussi essentiel de conserver le nom de Rol-Tanguy dans l’espace public en y associant sa femme, elle aussi membre éminente de la résistance.

Mon père, militant communiste ayant connu les dernières années de la Seconde Guerre mondiale, ne s’est pas privé de me raconter qui étaient les Rol-Tanguy. Je n’ai pas la prétention de le faire aussi bien que lui, mais je vais quand même vous en toucher deux mots.

Cécile, militante politique, a d’abord œuvré dans le mouvement de jeunesse à l’Union des jeunes filles de France. Elle a participé au comité d’aide à l’Espagne républicaine avant de s’engager au Parti communiste en 1938. Elle a participé à la résistance dès 1940 en tant qu’agent de liaison. Elle se servait d’une poussette pour cacher et transporter des documents secrets pour les Francs-tireurs et partisans (FTP). Elle dissimulait également pistolets, grenades et détonateurs qui serviraient dans des actions contre l’occupant allemand.

Henri, ouvrier métallurgiste, membre de la CGT et du Parti communiste, s’est engagé dans les Brigades internationales en Espagne à partir de 1937 dans la 14e Brigade appelée "La Marseillaise" pour soutenir la République face au coup d’État fasciste du général Franco. Il y a été blessé lors de la contre-offensive républicaine lors de la bataille de l’Èbre.

Il a été mobilisé pour participer à la Seconde Guerre mondiale en 1939 et vite démobilisé en 1940 après l’abandon français. Henri a alors repris contact avec ses camarades de la CGT de la Métallurgie. Grâce à Cécile, sa femme, ils ont participé à la mise en place des premiers comités populaires dans les usines de la région parisienne. Apprenant les vagues d’arrestations de communistes mises en place par le régime de Pétain, ils ont rejoint la clandestinité.

Henri a participé à la mise sur pied de l’Organisation spéciale qui réunissait plusieurs groupes clandestins comme les « Bataillons de la jeunesse » et les « groupes spéciaux », ou les plus connus, la Main-d’œuvre immigrée, les fameux FTP-MOI. Il s’est vu aussi confier le poste de responsable du secteur sud de Paris et de sa banlieue, d’où il a organisé des sabotages contre les forces allemandes. Il a également gêné la mise en place des convois de travailleurs français partant pour le Service du Travail Obligatoire.

Il est devenu le 1er juin 1944 colonel chef régional des FFI de la région P1, qui correspond au territoire de l’Île-de-France. À partir de cette date, il s’est consacré à la libération de la capitale. Le 10 août 1944, les cheminots se sont mis en grève, puis les postiers, les gendarmes et la police le 18. Sous la dictée de son mari, c’est Cécile qui a rédigé l’appel à l’insurrection des Parisiens : « Aux patriotes aptes à porter des armes. (…) La France vous appelle ! Aux armes, citoyens ! » Ces affiches ont été collées dans tout Paris. Le même jour, c’était la grève générale. Les résistants parisiens insurgés ont pris bon nombre de bâtiments stratégiques et livré des combats dans la capitale, allant jusqu’à libérer le 9e arrondissement de la ville avant l’arrivée de la 2e DB du général Leclerc le 24 août.

Ce n’est que le 25 août que le général von Choltitz, alors gouverneur militaire allemand de la capitale, a signé avec le général Leclerc et le colonel Rol-Tanguy l’acte de reddition. Paris, tout comme Vénissieux d’ailleurs, s’est libéré seul.

Pour en revenir à notre délibération, c’est avec la plus grande fierté que je voterai la dénomination de cette rue, car Cécile et Henri Rol-Tanguy ne sont pas reconnus à leur juste valeur et trop peu de villes leur ont rendu hommage. J’espère que nous allons remédier à cela aujourd’hui. Cela permettra aussi de mettre en lumière une autre grande figure de la résistance, Olga Bancic, dont nous parlerons dans la prochaine délibération.

Avant de rendre la parole, je voudrais insister sur le rôle et le sens de ces deux dénominations en ces temps où la montée du fascisme et des nationalismes se fait de plus en plus présente, où des efforts colossaux sont faits par les États pour s’armer au détriment des besoins fondamentaux des populations. Ces nominations doivent nous permettre de garder en mémoire les heures sombres de l’histoire pour qu’elles ne se répètent pas ! Et comme disait Jean Jaurès, on ne fait pas la guerre pour se débarrasser de la guerre. Que nos dirigeants l’entendent !

Je vous remercie

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