Projet de Plan de Mobilité des territoires lyonnais

Conseil municipal du 3 février 2025
Lundi 10 février 2025

Madame le Maire, Mesdames, Messieurs,

Lors du conseil municipal du 20 mars 2017, j’étais intervenu sur le plan de déplacement urbain 2017-2030, le fameux PDU de la métropole de Lyon, qui avait pour objectif de porter à 22 % la part modale des transports en commun. J’ai donc relu cette intervention pour me faire une idée du chemin parcouru (sans jeu de mots, bien sûr) sur ce sujet.

Il y a certes eu des avancées, personne ne peut le nier : les arrivées du T10 et le projet du T8 vont dans le bon sens. Cependant, les gros points noirs soulevés il y a déjà 8 ans persistent. Pour un grand nombre d’usager des transports en commun qui ne possède pas de véhicule, ce sujet est primordial. Nous devons être en mesure de faire une analyse objective des difficultés rencontrées pour améliorer nos politiques publiques de transport.

Le tram T4 et la ligne D, d’après Le Progrès du 17 juin 2023, sont les lignes les plus fréquentées de la métropole, chacune dans leurs domaines. La ligne C12 est quant à elle la 5e ligne de bus la plus fréquentée de l’agglomération. Cela démontre que Vénissieux est la porte d’entrée sud de l’agglomération et que ces lignes ne sont pas fréquentées uniquement par les Vénissians, mais aussi par tous ceux qui n’ont pas la chance d’avoir des modes de transport lourds jusqu’à chez eux, comme le tram et le métro.

L’un des soucis de la ville de Vénissieux est que tous les quartiers ne sont pas égaux face aux transports en commun. Les quartiers de Charréard, Max Barel et Monery sont très peu desservis, et les fréquences de passage des quelques bus ne permettent pas aux habitants de se tourner vers les transports collectifs. Quant aux différentes zones industrielles, mieux vaut avoir un patron conciliant ou des horaires variables si l’on veut prendre les transports en commun, très peu fiables, avec des horaires de passage non respecté, des chauffeurs non remplacés, etc. Les habitants des villes alentour comme Feyzin, Corbas et Saint-Priest utilisent souvent leurs véhicules et les stationnent dans les parcs relais ou aux abords de la gare ou de Parilly, préférant des moyens individuels plutôt que des transports dont la régularité et le nombre laissent à désirer.

Dans le rapport, nous abordons aussi la question des parcs relais. Aujourd’hui, il y en a trois sur le territoire de Vénissieux, dont deux très fréquentés : celui de la gare, plein vers 8h du matin, et celui de Parilly, également. Quant au dernier parc relais, celui de l’hôpital, a-t-il réellement du sens du fait de sa situation géographique et des difficultés du tram T4 ?

Ceux qui viennent travailler à Vénissieux en TCL, arrivent le plus souvent du nord de l’agglomération, les autres préférant utiliser leur véhicule, à cause du fonctionnement en étoile du réseau TCL. Par exemple, pour aller du centre de Pierre-Bénite à Vénissieux, à tout juste 10 km, il faut trois changements et plus d’1h15 en TCL, alors que 15 minutes suffisent à une personne véhiculée. Idem pour Vaulx-en-Velin : une vingtaine de minutes en voiture pour 12 km contre 1h30 en TCL avec trois changements pour le trajet le plus rapide. Le classement dans la Zone de Faible Émission du périphérique de la M6 et de la M7 n’arrangera rien pour ceux qui ne possèdent pas le bon critère, les privant en théorie de leurs voitures.

Quant à la fréquence, le matin tôt et le soir après 20h, il arrive régulièrement d’attendre un bon quart d’heure, voire bien plus, pour avoir un tram. Dans le reste de la journée, les trams sont souvent bondés, ce qui rend le trajet particulièrement désagréable pour les usagers. Et lors des vacances scolaires, on pourrait penser que nos trajets soient plus agréables, mais il n’en est rien puisque les transports sont moins fréquents, y compris sur la ligne D automatisée.

Un développement conjoint entre le Sytral et la SNCF sur le modèle parisien est une des pistes développées dans le rapport. Mais un train sur deux en provenance du nord Isère et passant par la gare de Vénissieux et la gare de Saint-Priest ne s’arrête pas. S’ils s’arrêtaient à la gare de Vénissieux, cela mettrait Vénissieux à 10 minutes de Perrache et de la Part-Dieu, et Saint-Priest à un quart d’heure. Quant aux habitants de l’Isère, cela leur permettrait d’avoir une entrée sud sur l’agglomération sans être obligés d’aller jusqu’à la Part-Dieu. Pour cela, il est impératif que la SNCF et la région développent les infrastructures, notamment le contournement ferroviaire du fret indispensable pour libérer des sillons au RER et assurer l’avenir des gares périphériques. Il serait utile aussi que les horaires SNCF et TCL soient coordonnés pour permettre aux usagers d’avoir des correspondances optimales entre train, bus et tram.

J’en profite aussi pour redemander à la SNCF de bien vouloir investir dans l’accessibilité de la gare aux Personnes à Mobilité Réduite et de se mettre en conformité avec la loi. Nous, communistes, avons des propositions concrètes pour améliorer les transports, surtout quand le temps moyen d’un usager par trajet ne cesse d’augmenter, passant de 28 minutes en 2015 à près de 40 minutes aujourd’hui.

Nous réclamons l’ouverture vers les zones industrielles, le sud et l’est de la ville, de lignes fortes et régulières. Nous pensons qu’il est essentiel de développer une ligne périphérique pour en finir avec le fonctionnement en étoile, forçant l’usager à passer par le centre-ville de Lyon pour faire un trajet de banlieue à banlieue. Nous réclamons aussi des moyens pour combler les postes manquants au TCL et permettre le renforcement de certaines lignes, le développement de nouvelles, ainsi que l’augmentation des fréquences de passage.

Nous félicitons les avancées, comme le T10 qui reliera la gare de Vénissieux à Gerland, et les projets de tramways T8 et Bus à haut niveau de service, récemment annoncés pour relier Vénissieux à Vaulx-en-Velin. Mais nous mesurons aussi le chemin qui reste à parcourir, et nous pensons que l’objectif de la part modale des transports en commun n’évolue pas assez, passant de 22 % dans le PDU actuel pour 2030 à seulement 25 % de part modale des transports en commun pour 2040.

Prendre les transports en commun devrait être un gain de temps, de coût et de confort. Mais pour beaucoup d’usager, il leur reste un pas à franchir. Pour certains, abandonner sa voiture, c’est perdre une partie de son confort : une idée pas forcément fausse.

Pour les aider, il faut des mesures incitatives.

Dans ce temps de crise sociale et économique où les gouvernements ponctionnent les collectivités locales pour maintenir les profits des plus riches, nous pensons, au contraire que les pouvoirs publics doivent faire plus et mieux pour réduire l’usage des véhicules individuels.

Le développement des transports collectifs est un choix d’avenir, et nous pensons qu’il y a aussi une bataille à mener pour le financement des mobilités par les entreprises.

Un autre objectif est d’atteindre la gratuité des transports comme cela a été fait dans un certain nombre d’agglomérations de toutes tailles comme Dunkerque, Clermont-Ferrand ou Montpellier, entre autres. Des progrès ont été faits avec la tarification sociale et la gratuité à venir des moins de 10 ans. Ils doivent être poursuivis.

Ces deux objectifs, de gratuité et de développement, exigent un engagement fort de l’État comme des entreprises.

C’est seulement avec toutes ces possibilités que nous permettrons aux usagers de la route d’emprunter les transports en commun dans une agglomération qui se densifie. C’est pourquoi nous voterons cette délibération avec ses réserves.

Je vous remercie.

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