Monsieur le Maire, Chers collègues, Mesdames, Messieurs,
Je commencerai mon intervention en disant que le gouvernement Sarkozy/Fillon, son Ministre de l’Education Nationale, Xavier Darcos, en rajoutent une couche (c’était facile à faire, je vous le conçois) dans son opération de démantèlement de l’école publique.
Oui, ils ont décidé de supprimer la scolarisation des 2 ans en maternelle.
Après une première étape au lendemain des élections municipales et cantonales, soit une lettre de l’inspecteur d’académie datée du 17 mars celui-ci nous annonçait un changement des règles de calcul pour l’accueil des enfants de moins de 3 ans pour la rentrée scolaire 2008/2009, sans concertation, ni information, dans les écoles dites ordinaires. De 1/3 des effectifs de 3 ans pris en compte, on passait à 1/5e, soit 25 % de nos écoles. Pas de changement pour les écoles en réseau d’éducation prioritaire. Or, à la rentrée c’est plus de 200 enfants qui n’ont pas été scolarisés et qui étaient pourtant inscrits, puisque c’est la Ville qui en assure sa compétence et la plupart dans des écoles en réseau d’éducation prioritaire là où ils doivent être tous pris en compte.
Le 7 novembre dernier, Mesdames Amara et Morano du gouvernement Sarkozy/Fillon sont venus à Vénissieux pour visiter la crèche parentale Arc en Ciel.
Reçues dans la Maison de la République, c’est-à-dire à l’Hôtel de Ville de Vénissieux, elles se sont livrées aux questions/réponses. Par deux fois Monsieur le Maire leur a exposé le problème de ces enfants non scolarisés. Elles furent muettes sur le sujet, mais le lendemain, dans un quotidien local (Le Progrès), les jardins d’éveil faisaient la une.
Oui, comme dirait Anne Roumanoff « on ne nous dit pas tout ».
En décryptant les choses, on s’aperçoit que Xavier Darcos veut supprimer la scolarisation des tout petits (donc moins de 3 ans) afin comme il a dit de ne pas embaucher des bac + 5 pour changer les couches et faire faire la sieste aux enfants. Quel mépris d’une part pour les enseignants, et d’autre part pour les assistantes territoriales spécialisées des écoles maternelles. Les excuses de Monsieur le Ministre sont bien tardives mais le mal est fait.
A la place donc on créerait des jardins d’éveil encadrés par des ATSEM et non des enseignants.
Cette nouveauté ne coûterait rien à l’Etat, elle serait entièrement à la charge des municipalités et les parents passeraient à la caisse. Ceci laisse craindre à terme la suppression de la maternelle en France, une maternelle tant reconnue par les autres pays. Ceci nous amènera vers une sélection de l’enfant par l’argent.
Pour la rentrée scolaire 2009/2010, les moins de 3 ans ne seront plus pris en compte dans les écoles dites ordinaires (25 % pour Vénissieux) et dans les écoles au réseau d’éducation prioritaire pas d’augmentation des effectifs de moins de 3 ans. A quand la suppression dans ces écoles ?
Autre point abordé dans ce rapport, la situation préoccupante des Réseaux d’Aide Spécialisée.
Le projet de loi de Finances 2009 prévoit la suppression de 13 500 postes d’enseignants dont 5 500 dans le premier degré. Ces mesures entraînent, entre autres, la réaffectation de 3 000 enseignants des Réseaux d’Aides Spécialisées aux Elèves en Difficulté (RASED) sur des postes de classes ordinaires. En trois ans, cette politique conduira inévitablement à la disparition des RASED et, par voie de conséquence, à la dégradation du traitement de la difficulté scolaire.
Les dispositif des RASED, instauré en 1990, permet à des élèves qui rencontrent des difficultés qui n’ont pu être résolues en classe, de bénéficier d’aides spécialisées, adaptées et différenciées, dispensées par des enseignants formés. Un réseau d’aides au complet est constitué de trois types d’enseignants spécialisés : des enseignants chargés d’aides pédagogiques, des « rééducateurs » ou enseignants chargés d’aides rééducatives, et des psychologues de l’Education Nationale.
Certaines difficultés ne peuvent être résolues ni par des aides prodiguées en classe, ni dans le cadre de l’aide personnalisée récemment mise en place suite à la réduction de la semaine scolaire. L’enfant qui arrive à l’école est aussi porteur de son histoire et de sa culture. Alors que la société française est particulièrement malmenée par les bouleversements économiques et sociaux, il est plus que jamais nécessaire que les professionnels de l’aide spécialisée, formés aux démarches de prévention, au travail partenarial, à l’analyse de la difficulté et à la remédiation individualisée, puissent, sur l’ensemble du territoire national, continuer d’accompagner ces enfants et leur famille sur le chemin de l’école.
Le Ministère considère que le recours à du simple soutien, qui plus est hors temps scolaire, se suffit à lui-même et entraine le démantèlement des RASED. A terme, ce serait plus de 12000 postes d’enseignants spécialisés qui disparaitraient. Ceci constituerait une grave régression particulièrement dommageable pour les élèves fragiles, leur famille et pour l’école elle-même. Alors que nous devrions faire les nécessaires choix de société afin d’assurer la meilleure formation de l’ensemble des futurs citoyens français, la politique du gouvernement actuel demeure uniquement dictée par des options comptables (cf. Révision Générale des Politiques Publiques – RGPP).
Qui n’a pas entendu dans les nuits des écoles à Vénissieux le bien fondé des postes RASED. Seul Xavier Darcos dans son langage intolérable ose dire qu’ils ne sont pas efficaces.
Alors oui, il nous faut exiger le maintien de ces postes dont les bénéficiaires seront les enfants concernés.