
Permettez-moi de tirer la sonnette d’alarme sur la situation dramatique de la médecine du travail.
De 2007 à 2020, la baisse des effectifs programmée est de 28% (-14% déjà enregistrés de 2007 à 2016). Sur les 5168 médecins du travail, quasiment tous salariés, dont 71% de femmes, 43% ont plus de 55 ans et vont partir à la retraite dans les 7 ans qui viennent. Il y a en moyenne plus de 300 départs pour moins de 100 entrants par an en médecine du travail, soit un entrant pour trois sortants. Voici une spécialité médicale salariée qui se dépeuple à grande vitesse chaque année. Comme quoi le soi-disant attrait du salariat chez les jeunes médecins est une plaisanterie, la perte de vitesse de l’exercice libéral est contrainte, subie et non souhaitée. Cette perte d’attractivité est le résultat d’une politique de santé entièrement centrée sur le curatif mais aussi d’une dévalorisation orchestrée de la profession de médecin du travail. Ainsi la loi du travail El Khomri a remplacé depuis le 1er janvier 2017 la visite médicale d’embauche par une visite d’information et de prévention pouvant être effectuée par un infirmier et a remplacé la visite médicale obligatoire, tous les deux ans, par une visite d’information et de prévention tous les cinq ans.
Force est de constater que comme la médecine scolaire ou la psychiatrie, la médecine du travail est l’enfant pauvre de la médecine. Mieux vaut vendre des médicaments et faciliter les profits des laboratoires pharmaceutiques plutôt que de faire de la prévention, voici le choix des différents gouvernements.
Pourtant la souffrance au travail existe que ce soit dans le public comme dans le privé. Mais le gouvernement préfère diviser plutôt que de rassembler, en tirant à boulets rouges contre les fonctionnaires mais, en ne s’inquiétant pas de l’augmentation des accidents du travail (+2,9 % en 2018 et on craint pire en 2019). Le Gouvernement préfère s’arc-bouter sur sa réforme des retraites en se moquant de l’avis très critique du Conseil d’État et en restant sourd à l’opinion publique.
Alors bien qu’il n’en déplaise à nos opposants nous osons parler du national. Oui les choix politiques nationaux ont de sérieuses répercussions sur les habitants de Vénissieux qui ne vivent pas sur une orbite de la France et nous les avons évoqués tout au long de notre mandat pour dénoncer les dérives de ce modèle qui nous conduit à plus de marchandisation en laissant de côté l’humain et le vivre ensemble.