Oui, il faut agir pour réduire les émissions polluantes et garantir des villes « respirables », mais qui ne voit pas le risque d’un discours faussement consensuel qui s’appuie surtout sur le catastrophisme pour mettre en avant sans débat politique des mesures aux fortes conséquences sociales, alors même que les moyens d’une stratégie de long terme sont plus qu’incertains.
Chacun a pu mesurer la difficulté de la circulation alternée, qui supposerait une instrumentation systématique, comme pour le péage londonien, avec le coût et les conséquences que l’on connait. Au moins, la circulation alternée est à priori neutre socialement, mais l’interdiction des vieux véhicules a de lourdes conséquences sur qui est autorisé à circuler ou pas… Pouvons-nous vraiment faire croire qu’on pourra gérer les émissions des transports par des mesures inégales et essentiellement répressives ?
Les décisions fortes de Ségolène Royal pour accélérer la transition électrique, notamment des taxis et utilitaires sont une bonne chose, on verra comment le budget pourra accompagner une telle politique si elle devient massive… car pour transformer significativement un parc de 40 millions de véhicules d’age moyen de plus de 8 ans avec une prime de 10 000€, il faudra débloquer quelques milliards pour ne pas être qu’un outil de communication !
C’est le vrai sujet : quels moyens pour une transition accélérée des modes de transport et de chauffage ? D’abord, organiser la gratuité des transports publics pendant les pics. Et surtout, comment doubler en 10 ans les capacités des transports urbains collectifs ? Peut-on imaginer une offre de transport en taxi collectif public ? (ce qui entre nous serait la meilleure réponse à l’uberisation de l’économie…). Comment avancer vers le développement de RER lyonnais ?
Le discours du catastrophisme sur l’air est profondément antidémocratique. Il faut redire que l’air est aujourd’hui de bien meilleure qualité dans nos villes qu’il y a 30 ans, pour de mauvaises raisons comme la désindustrialisation, mais aussi pour de bonnes raisons, les efforts des industriels dont les chaufferies urbaines, et aussi les efforts des constructeurs automobiles. L’état des lieux de notre plan oxygène confirme que les émissions de poussières ont été divisées par deux en dix ans !
Nous savons tous l’impact notamment des particules fines sur les maladies pulmonaires et il n’est pas question de les minimiser, mais qui ne voit pas que la médiatisation autour de chiffres toujours plus alarmistes, jouant sur la comparaison de décès anticipés de 2 ans avec des décès anticipés de 15 à 20 ans, a des effets contre-productifs, en relativisant d’autres sources comme le tabagisme… dont au passage AirParis indique qu’il représente 1% des émissions de poussières, et surtout en poussant à un conservatisme social en défaveur des choix politiques progressistes pour une autre politique des transports.
Comment peut-on dans le même temps contraindre nos chaufferies urbaines biomasse à s’arrêter pour les remplacer par des chaudières gaz, alors même que la raffinerie est autorisée à bruler pendant 2 jours entiers son pétrole suite à un incident technique ! Quel bilan pour les poussières ?
Car le pic de pollution est d’abord un phénomène météorologique qui maintient sur place la pollution que nous avons toute l’année, mais dont nous faisons profiter les régions le reste du temps, et dont les causes sont aussi l’industrie allemande du charbon. L’urgence n’est pas seulement de la réduire les jours des pics, mais toute l’année, et pour cela, oui, il faut changer de système !
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