Rappelons-nous le résultat du 29 mars 2015, impressionnant dans le contexte général de poussée à droite et à l’extrême-droite, après la perte de tant de villes communistes en 2014, dont 3 dans le Rhône. Il a donné une grande légitimité à Michèle Picard, avec un retentissement national, mais s’il nous a donné des forces, nous savons qu’il n’est qu’une victoire partielle que nous devons sans cesse confirmer en construisant le soutien des Vénissians à la ville, aux conseils de quartier, aux batailles contre l’austérité et pour les services publics, car la crise s’approfondit à Vénissieux comme ailleurs ; casse industrielle, pauvreté, précarité, pourrissement social…
Et les forces battues à Vénissieux n’abandonnent pas, activement soutenues par les grandes forces politiques qui organisent l’alternance pour maintenir ce capitalisme violent. Leur campagne populiste a conforté l’anti-communisme qui pousse à des pratiques anti-républicaines. Au conseil municipal, ils n’ont que l’agressivité contre la ville et les communistes. Cela correspond à la fuite en avant de Hollande faisant croire que le FN reprenait le PC des années 70. Non seulement il refuse d’écouter le message des électeurs, mais il accélère la transformation du parti socialiste en parti démocrate. Avec la loi El Khomri, il se place désormais comme le candidat du MEDEF.
Nous aurons des batailles importantes à mener dans les années qui viennent, dans une métropole de plus en plus arrogante, dans une société de plus en plus inégalitaire, une solidarité que les communautarismes et racismes rendent toujours plus fragile. Nous devrons faire encore plus en 2020, pour faire reculer ceux qui de toute façon, feront pire eux dans le pourrissement politique.
Comment élargir patiemment le réseau de nos soutiens, les réseaux militants, avec le renforcement des communistes discuté au congrès, dans le monde du travail, la jeunesse communiste, mais aussi les réseaux personnels, associatifs que nous tissons comme élus. Comment transformer la relation de consommateurs de ville de milliers de Vénissians en intérêt, en dialogue, puis en soutien ?
Ces liens avec les habitants contribuent à cette nouvelle forme de rassemblement populaire en réponse à l’impasse de l’union de la gauche, que j’ai appelé le laboratoire Vénissian.
Il y a des grands sujets sur lesquels nous avons de nombreux arguments pour faire vivre le débat politique autour de nos réponses progressistes.
- Le développement de la ville, les constructions, l’emploi, les services publics…
- le logement social, les inégalités, les pauvres et la solidarité
- le budget et l’utilisation des impôts
- Le communautarisme et l’unité des Vénissians
Le développement de la ville, les constructions, l’emploi, les services publics….
Avec le PLU-H, le Puisoz, l’installation d’entreprises et la défense de l’emploi, la ligne T6, le stationnement, tout ce que porte l’agenda 21… nous avons des outils, des occasions pour montrer le retournement qui a transformé une ville meurtrie par la crise en une des principales villes du développement Lyonnais. Le métro puis le tram ont joué un rôle clé, mais aussi la volonté politique d’intégrer les quartiers des Minguettes à la ville. La bataille politique de la droite sur le bétonnage est une bataille défensive et nous avons tous les arguments pour montrer que la ville a depuis longtemps travaillé sur la maîtrise de ce développement, pour une ville dense et verte, respectant la diversité de ses quartiers, une ville qui n’est pas la nouvelle zone d’extension de Lyon, mais défend son histoire, son projet. Nous voulons maîtriser un développement limité à 400 logements/an. Nous travaillons dans la dentelle pour préserver des habitats historiques, permettre une densification raisonnée sur les axes de transports, assurer la place de la nature dans les constructions privées…
Et n’oublions pas qu’avec 63000 habitants, nous sommes encore loin des 74000 de 1985. L’enjeu principal de ce développement, c’est d’avoir les moyens de continuer à développer les services et équipements publics, donc notre bataille contre l’austérité.
Le logement social, les inégalités, les pauvres et la solidarité
La première urgence est dans la paupérisation croissante d’une part toujours plus large de notre peuple, et les risques de divisions qu’elle génère. La pauvreté, le chômage, la précarité, continuent à augmenter à Vénissieux comme en France, mais la concentration des inégalités s’aggrave aussi, donc nous sommes encore plus confrontés à ce défi, répondre aux besoins de tous, alors que les écarts se creusent. La métropole peut toujours discourir, la vérité de son développement, c’est qu’il aggrave la ségrégation sociale, bien loin des discours sur la mixité sociale ! Mais la pauvreté n’est pas un fait Vénissian ! Les statistiques 2015 des demandeurs de logement social montrent que la part des plus pauvres augmente partout dans la métropole !
Le gouvernement a supprimé quasiment l’aide à la pierre. Si nous pouvions construire 200 logements sociaux familiaux par an ces dernières années, les décisions gouvernementales nous annoncent 0 demain, la métropole propose 100 par an incluant les reconstructions… avec 1000 démolitions prévues dans l’ANRU2, autant dire, en résultat net, 0… Or, nous avons 2000 Vénissians demandeurs en attente et des centaines qui s’ajoutent chaque année… La prochaine loi égalité citoyenneté se contente de répartir la pénurie pour la rendre moins voyante. Qui peut croire que 2000 Vénissians demandeurs pour rester à Vénissieux vont aller habiter dans l’Ouest Lyonnais ?
Derrière le logement social, c’est la fracture entre le 1/3 de la ville sous le seuil de pauvreté qui survit dans la débrouille, un tiers de smicards ou équivalent qui vit dans la crainte de la précarité et un tiers de couches moyennes qui exprime des attentes de qualité de vie et bien entendu, cela multiplie les occasions de fracture. Le sentiment que de toute façon, on n’en fait que pour les plus pauvres est presque naturel, et de plus, travaillé en permanence par la droite et l’extrême-droite.
Nous avons beaucoup d’arguments pour montrer que Vénissieux répond aux besoins de tous, avec la solidarité pour les plus pauvres, mais en développant la ville pour tous, à l’exemple de nos tarifs de cantines, dont le niveau le plus élevé est un des plus bas de l’agglomération.
Les moyens, le budget, la métropole
Nous savons que les gouvernements demain iront plus loin dans la mise en cause des services publics, et des droits.A près 2017, nous aurons de nouvelles mesures contre les communes.
Du coté de la ville, nous poursuivons notre effort pour conserver notre autonomie de décision, nous devons bien sûr tenir compte des baisses de dotations, ce que nous avons fait sur le budget 2016, mais tout l’enjeu de la préparation de 2020, c’est de faire vivre une ville qui résiste à l’austérité, défend l’intérêt général et les Vénissians. Il faut donc dénoncer ceux qui décident l’austérité, et inscrire nos actions dans la mobilisation pour défendre nos acquis, nos services publics.
La métropole est une énorme machine à faire croire à un consensus dont les déclarations récentes de Collomb en faveur de Macron montrent où il mène, à droite ! Or, du Puisoz au réseau de chaleur, nous affirmons sur chaque dossier notre place dans la métropole, nous défendons nos projets, nous sommes reconnus et partout dans l’agglomération, nous portons l’espoir d’un renouveau à gauche !
Car la métropole est tout sauf neutre. Sur de grands dossiers comme l’industrie, les transports ou le logement, elle mène une politique de communication forte, mais accompagne les restructurations, par exemple en parlant de transition industrielle de la vallée de la chimie, transition qui pour certains est la fin de la production. L’annonce récente de déclassement de l’autoroute A6-A7 est révélatrice. Collomb n’a pas obtenu de moyens nouveaux pour les services publics, mais pour passer un accord avec la droite au service du coeur de Lyon. Des centaines de millions d’euros seront mobilisés pour retisser un lien urbain de qualité de Ecully à Pierre-Bénite, (au passage, quand un maire communiste demandait il y a 5 ans que le projet de déclassement qui se limitait à Oullins se prolonge jusqu’à Pierre-Bénite, on lui rirait au nez, mais pour la droite, que ne ferait pas Collomb !), pour la gare de la Part-Dieu, pour le grand stade… Les priorités sont claires, Collomb refuse d’aller plus loin que les 14 millions prévus pour les accès au Puisoz.
Nous avons engagé la bataille de transparence budgétaire autour de nos équipements, vous avez noté que la droite y a fait référence au conseil, c’est clairement un enjeu à développer dans la durée.
Le communautarisme et l’unité des Vénissians
Ce qu’on a appelé le communisme municipal pouvait peut-être se caractériser par le fait de mobiliser les moyens d’action des communes dans un lien étroit entre solidarité et culture. Ce sont les deux points forts historique des communistes, et ce n’est pas un hasard. Je pense que nous devons réinventer ce lien dans la réalité de cette paupérisation aggravée pour les Vénissians. L’enjeu est clair, faire apparaître à des centaines, des milliers de familles, qu’il est possible avec la ville de se défendre collectivement, de s’organiser pour une vie digne et solidaire.
Nous voyons bien que nous buttons sur ce sujet pour construire des mobilisations à la hauteur de ce défi. Nous devons prendre ce problème à bras le corps pour répondre aux aux communautarismes, aux populismes qui vont au contraire diviser les Vénissians, les opposer selon leurs priorités. Et le plus dur est bien sûr de s’adresser aux plus pauvres, aux plus en difficulté. On le voit dans le travail social soumis lui aussi aux contraintes de l’austérité et ce n’est pas fini avec ce qui se préparera après 2017 sur deux grandes dépenses sociales, le RSA et l’APL qui seront mis en cause…
Quelle relation aux habitants dans ce contexte ?
Dans ce contexte, la compréhension de nos choix est donc tout sauf naturelle, et la droite a montré qu’elle savait en jouer sans aucune honte, se présentant localement comme le vecteur d’unerésistance à la crise, reprenant la méthode fasciste du discours social combiné à la division, etcomme ils l’ont fait en 2014 et 2015, comme ils l’ont malheureusement réussi à Bobigny, ilschercheront à nous faire porter la chapeau de leur crise !
L’appropriation par les habitants de nos batailles est donc décisive. C’est leur mobilisation qui permettra de rendre visibles les responsabilités de la métropole et de l’état. La solution ne peut être dans le seul effort nécessaire de communication de la ville. La clé est le nombre d’habitants directement impliqués et acteurs des projets. Nous avons besoin de franchir un cap, ce sont des milliers d’habitants qu’il faut associer et rendre acteur dans leur relation à la ville.
C’est le sujet de cette réunion, comment tisser plus de liens, de liens plus solides, avec plus de Vénissians ? Il y a bien sûr les conseils de quartier. Nous voyons bien l’acquis de nos délégués, ils étaient une vingtaine hier pour le débat sur la métropole, et la difficulté… Amina et Abdelack diront plus précisément, mais je pense que la moitié des délégués élus est sans liens avec les conseils, et trop ne savent pas comment jouer leur rôle… Ce pourrait être le premier objectif, avoir plus de 50 délégués actifs avec leur président pour interagir avec la ville.
Les assemblées générales peuvent être un moment pour cela, et de toute façon, elles sont un des moments clés de vie des conseils de quartier. Pour celles qui remplissent une salle, la question est sans doute de proposer plus de choses aux participants, pour les quartiers ou la mobilisation reste difficile, il faut sans doute d’autres moyens et formes de préparation.
En 2010 et 2011, il était logique que les AG soient centrées sur la rencontre avec le maire. Elles ont été une réussite et un élément de la légitimité de Michèle en 2014 et 2105, mais on voit aussi les limites d’une assemblée qui se résume à un dialogue entre le maire, quelques adjoints et les habitants, parce que le conseil de quartier passe un peu à la trappe, et donc ne progresse pas dans son activité propre. Sans doute faut-il discuter sur ce que peuvent apporter les présidents et les délégués à l’assemblée générale, et aussi sur les présentations lourdes et difficiles à valoriser.
Nous devons aussi nous interroger sur la place des réseau sociaux et plus généralement de ce que certains appellent la ville numérique. On connaît l’ampleur de la fracture numérique qui aggrave la fracture sociale, et le directeur de Pole Emploi donnait il y a un peu des chiffres parlant en annonçant la décision du gouvernement de rendre obligatoire la relation numérique pour les demandeurs d’emploi, au passage, après avoir rendu payant les déclarations d’impôts papiers, et j’en profite, rendu obligatoire d’ici 2019 à toutes les entreprises, y compris les artisans, de dématérialiser les relations avec les collectivités, l’annonce récent de l’état de la fermeture progressive de tous ces guichets confirme cette tendance. Il révélait que 1/3 des chômeurs de l’agence de Vénissieux n’avait pas de courriel, et 1/3 qui en avait ne souhaitait pas s’en servir avec Pole Emploi… autant dire que les 2/3 des personnes concernées ne sont pas prêt à passer à cette ville numérique. Mais on sait aussi que la presque totalité des jeunes utilisent les outils numériques liés aux téléphone, et c’est un des enjeu de l’action de la ville sur les addictions, c’est même une des priorités qui remonte de l’expérience des collèges. Donc, je pense que nous avons besoin d’ouvrir largement la relation citoyenne avec les vénissians sur les outils numériques.
J’esquisse une idée… développer une application mobile « conseils de quartier » dans l’esprit du site Greco du Grand Lyon, et qui permettrait à tous les délégués de prendre une photo d’un problème constaté en le géolocalisant et en apportant un commentaire oral ou écrit, ce signalement étant automatiquement transformé en demande dans une plateforme des conseils de quartier, le président validant la demande en la complétant. Cela suppose de transformer la plateforme d’un outil interne aux services d’échanges avec les présidents, en un support plus large d’interaction avec la ville.
Les échéances politiques à venir
Vous le savez tous, nous avons dans quelques mois une échéance politique difficile mais très importante, les élections présidentielles et législatives. La situation pour les présidentielles est tout sauf claire pour le parti communiste. Le congrès a décidé d’attendre novembre, mais le secrétaire national tente de discuter avec Mondebourg, l’ancienne secrétaire nationale appelle à voter Mélenchon, et je ne parle pas de Robert Hue qui sert de soutien au parti socialiste…
Or, nous ne pouvons pas penser que les présidentielles n’auront pas d’impact sur la vie politique à Vénissieux, et nous le savons bien parce que les législatives qui suivent seront profondément marqués par la bataille des présidentielles. Or, c’est le cadre dans lequel se prépareront ensuite les municipales de 2020, avec un enjeu qui sera encore plus national qu’en 2014, nous sommes la 3e ville communiste de France, la première de province, nous avons le deuxième groupe communiste en taille de France…
Les présidentielles entre droite, FN et absence de perspective sont la bataille politique la plus difficile pour les communistes. Traditionnellement, c’est celle où les électeurs votent le plus, car cela paraît un choix simple entre des hommes ou des femmes. En 2012, les électeurs populaires ont massivement décidé de virer Sarkozy. Mais personne ne sait s’ils décideront en 2017 de faire la grève des présidentielles ou au contraire de choisir le FN pour virer tout le monde… Dans ce contexte, notre seule bataille sera de faire vivre et de renforcer un point de vue communiste pour mener la bataille des législatives et donner une traduction politique au mouvement social.
Bien sûr , ce n’est pas à Vénissieux que nous déciderons des candidats, mais nous avons par contre un enjeu particulier pour faire le lien entre les acquis du rassemblement dans notre ville, faire la démonstration que le laboratoire Vénissian porte une alternative politique qui a tout son sens au niveau national. Nous devons faire vivre un débat politique autour de Michèle comme repère contre l’austérité, contre le communautarisme, pour démontrer qu’on peut unir les Vénissians très largement autour d’une république sociale.
Ce sera l’enjeu de la bataille des législatives, faire le lien entre notre rassemblement municipal et l’enjeu national… Faire reconnaître le laboratoire Vénissian comme un exemple de réussite pour tous dans cette France inégale et violente… Nous aurons besoin, au-delà des assemblées générales des conseils de quartier de prendre des initiatives cet automne qui font vivre ce débat politique.