Refusons la haine
Article mis en ligne le 1er octobre 2014
dernière modification le 22 avril 2016

Amina Ahamada-Madi, adjointe aux Conseils de quartier

Je suis une élue de la République. Adjointe aux Conseils de quartiers, je travaille à la solidarité et au vivre ensemble dans notre ville. Je suis musulmane et heureuse que la France soit laïque. Je pratique ma religion sans entraves. L’actualité m’impose de réagir face à l’horreur de la décapitation d’Hervé Gourdel par des barbares agissant au nom de l’Islam. Je ne peux m’empêcher d’exprimer mon dégoût et ma révolte devant tous les actes sanguinaires commis au nom du Coran. Enlever, mutiler, torturer, violer, tuer, ce n’est pas l’islam ni aucune religion.

Le maire de Vénissieux a réagi à cette exécution, dans un communiqué de presse, auquel tous les élus communistes s’associent, tant notre effroi est grand. Les drapeaux seront en berne sur la commune pendant trois jours.

Toutes les fédérations de mosquées françaises ont lancé un appel contre « l’Etat Islamique ». Elles veulent dissuader les jeunes de rejoindre cette organisation et réclament une enquête sur l’origine de ses moyens financiers.

En effet, qui les finance, qui les a armés ? Qui a enfanté ces monstres ?
Car ces actes barbares ne viennent pas du néant. L’occident, en semant le chaos dans cette partie du monde a agi au mépris du droit international, et de la démocratie qu’il prétend défendre. Le gouvernement français n’est pas en reste, tout est prétexte à des interventions militaires plutôt qu’à la recherche de la paix.
Et encore une fois, qui subit les frappes aériennes ? Qui subit cette autre terreur ?
Les peuples d’Irak, de Libye, de Syrie, d’Afghanistan, de Palestine… n’ont-ils pas assez souffert des colonisations et des dictatures ?
Les musulmans tombent chaque jour sous les coups de prétendus musulmans et chaque jour sous le feu des frappes censées les libérer.

Certains, ici, en profitent pour stigmatiser les musulmans et manipuler l’opinion. Des médias et des réseaux sociaux sèment la peur et la haine en faisant l’amalgame entre Islam et terrorisme. Le gouvernement, refuse une réflexion de fond et en profite pour jouer les va-t-en-guerre et prendre des mesures contre la liberté au nom de la sécurité.

Autour de moi, j’entends des habitants écœurés :
« C’est une honte, pas seulement pour l’Islam mais pour l’humanité. Je n’ai rien à voir avec ces soi-disant musulmans. »
« Je me demande quand on se mariera avec la raison. Et si un jour le camp de la paix réussira à s’imposer. »
« Encore la guerre ! Avec un couteau ou avec un avion, c’est encore la mort qui triomphe. Les faux sauveurs et les faux musulmans sont du même côté. Toujours contre le peuple ! »
« Je pense à un verset du Coran : « A vous votre religion, à moi la mienne. » et je me dis que l’islam est une religion de paix. »

A Vénissieux, vivent des musulmans, citoyens pacifiques, conscients de vivre dans une société laïque où toutes les confessions doivent être respectées. Ils ne veulent pas être assimilés à ces assassins qui répandent la souffrance au nom de dieu. Ils ne veulent pas non plus que leur pays, la France, s’engage militairement et bombarde les populations au nom de la paix.

Nous devons tous refuser ce qui nous sépare, ce qui attise la haine.
Défendons ensembles nos valeurs d’humanité, de solidarité, de fraternité.