RUE HENRI ALLEG -intervention Enregistrer au format PDF

Conseil municipal du 15 octobre 2018
Mardi 20 novembre 2018

En donnant le nom d’Henri Alleg à une rue de Vénissieux, nous rendons hommage à un homme dont le combat contre le colonialisme, contre la torture, pour le droit des peuples trouve un échos important dans l’engagement de nombreux Vénissians au moment de la guerre d’Algérie et après.

L’anticolonialisme d’Henri Alleg s’inscrit dans la logique d’un parcours de militant communiste. Il a poursuivi tout au long de sa vie son combat inlassable de communiste pour l’égalité entre les hommes et entre les peuples.

Henri Alleg incarna, en tant que Directeur du quotidien Alger Républicain, le courage et l’honneur des communistes face à la guerre coloniale menée par les autorités françaises en Algérie. Entré en clandestinité en 1955 il est arrêté en juin 1957, torturé par les membres d’un régiment de parachutistes français, il en sort marqué à vie et dans sa prison écrit « La Question » livre décrivant et dénonçant la torture. Interdit lors de sa parution en France mais malgré tout diffusé par des réseaux militants et qui contribua a une prise de conscience importante sur la réalité de ce qu’était ce conflit, pour lequel longtemps le pouvoir en place a refusé d’employer le terme de guerre, se contentant de parler de conflit ou d’événements ayant lieu en Algérie. En 2012 dans une interview, concernant ce livre, il dit.

«  Il fallait témoigner des pratiques des colonialistes français, du sort atroce réservé au peuple algérien, de la réalité de cette guerre coloniale. Je dois dire que j’ai été surpris de l’écho rencontré par ce texte, lorsqu’il est devenu un livre. Un demi-siècle plus tard, ce témoignage reste utile. Lorsque je suis invité pour des conférences aux États-Unis, au Royaume-Uni, je peux mesurer sa résonance. Les atrocités commises par l’armée française pendant la guerre d’Algérie ne diffèrent pas des atrocités commises par l’armée américaine en Irak, en Afghanistan et ailleurs. Le combat continue »

C’était sans doute le dernier à avoir vu Maurice Audin vivant, arrêté un jour avant lui, enfermé et torturé dans le même bâtiment, il disait être persuadé que ses bourreaux l’avait tué puis avait fait disparaître son corps.

Car Maurice Audin, militant communiste, anticolonialiste, mathématicien et père de famille a bien été assassiné par l’armée française en juin 1957. Il a fallu 61 ans pour que soit reconnu par l’état français, par un président de la république cet assassinat.

A deux jours de la commémoration du 17 octobre 1961, de cette manifestation pacifique organisée par le FLN, qui fut réprimée de manière extrêmement violente (faisant plusieurs centaines de morts) par le préfet de police de Paris de l’époque, Maurice Papon, qui avait reçu carte blanche du pouvoir, il est important d’agir pour que soit reconnu la responsabilité de l’état dans ce massacre comme dans d’autres événements qui ont jalonnés les guerres coloniales menées par la France.

Comme le disent les signataires d’un appel à ce que soit condamné officiellement le massacre du 17 octobre 1961 : « Ce n’est qu’à ce prix que pourra disparaître la séquelle la plus grave de la guerre d’Algérie, à savoir le racisme, l’islamophobie dont sont victimes aujourd’hui nombre de citoyennes et citoyens, ressortissants d’origine maghrébine ou des anciennes colonies, y compris sous la forme de violences policières récurrentes, parfois meurtrières ». Henri Alleg disait : « Le combat pour la vérité, qui est un combat d’aujourd’hui, doit se poursuivre sans relâche. On ne peut pas tout simplement parler de l’avenir sans respecter la vérité. » Contrairement à ce que l’on a pu entendre il ne s’agit pas de faire repentance, mais de regarder en face son histoire, reconnaître ses responsabilités, pour participer à un avenir meilleur.

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