Le 26 mars dernier, Iman al-Obeidi, une jeune libyenne diplômée en droit, faisait irruption dans un hôtel de Tripoli où sont logés les journalistes étrangers, et dénonçait devant la presse internationale, les violences sexuelles et les tortures qu’elle a subit, durant deux jours, de la part des forces fidèles au colonel Kadhafi.

Son témoignage, relaté par les envoyés spéciaux de plusieurs médias est insoutenable, les sévices infligés d’une barbarie inouïe.

Depuis ce jour, elle n’est pas réapparue en public, emmenée de force par des agents du régime, malgré les caméras, les appareils photo et les blocs notes. Ces méthodes nous amènent à la plus grande vigilance quant au sort qui lui sera réservé.

Comme le demande Amnesty International, les autorités libyennes doivent mener une enquête approfondie, indépendante et impartiale, et traduire les responsables présumés en justice, si nécessaire. Les inquiétudes ne sont pas levées sur le sort d’Iman et nous attendons des autorités libyennes une garantie sur sa remise en liberté et sa sécurité.

A travers son geste désespéré, Iman a courageusement défié le pouvoir en place. Surtout, le calvaire d’Iman expose aux yeux du monde la barbarie qu’engendrent tous les conflits armés, dans tous les camps, vis à vis des femmes, premières victimes des pires exactions et tortures. Le viol est une arme de guerre. Ces crimes odieux restent généralement impunis et trop souvent occultés ou ignorés au cours de l’histoire des guerres.

Oui, des hommes sont capables d’une telle bestialité et d’une extrême brutalité, oui, des régimes tolèrent de tels comportements, oui l’innommable n’est jamais terrassé. A travers le supplice d’Iman, ouvrons les yeux sur ces atteintes, graves et révoltantes, faites aux femmes. Leur place, leur rôle, leur émancipation cristallisent des enjeux de société majeurs.