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Publié le lundi 23 mars 2009

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Le blog de Michèle Picard, maire de Vénissieux, député suppléante du Rhône

Jean Ferrat, la route a perdu son compagnon

Mars 2010, par admin

Le 14 mars 2010

« Je ne suis pas désespéré, parce que j’ai l’espoir chevillé à l’âme », tels sont les mots de Jean Ferrat lors d’une interview en 2003. Qui résonnent toujours, même lorsque le ciel est à la pluie.

Il était un peu Aragon, il était beaucoup la France. Il était celui qui croyait en la fraternité, en la nature humaine (bien qu’il ait perdu son père à Auschwitz), celui qui combattait toutes les formes d’injustices, d’aliénations et de servitudes. Il était celui dont les textes formaient une chaîne humaine, dont les refrains étaient des poignées de mains, dont les accords soulevaient des brins de muguet, des brins d’espoir, creusaient de saines révoltes dans nos cœurs étroits. Œuvre libre car engagée, œuvre engagée car libre : Jean Ferrat n’a jamais fait de concessions avec son art, ni avec le show-business et le formatage de la création qu’il vomissait, ni avec lui-même, homme généreux, d’une bonté sereine, d’une humanité profonde. Homme de révolte, homme d’idéal, les deux se rejoignant sans se confondre. Le poète ne vit jamais mieux que dans une contre-allée, semblait-il nous dire. Le poète ne chante jamais mieux que sous un chêne d’Ardèche, loin des précieuses vanités. Peut-on lui répondre que le poète, au fond, ne s’en va jamais vraiment.

Après les Ferré, Brassens, Brel et Barbara, la disparition de Jean Ferrat nous laisse tous un peu sans voix. Un peu plus seul aussi, et la langue française plus vulnérable, certainement. Mais nous gardons ses textes pour poursuivre son chemin. Ma môme, Nuit et brouillard, J’entends, j’entends, La montagne, La jungle ou le zoo, autant de couplets qui restent en tête, qui ont marqué plusieurs générations et qui en marqueront de nouvelles à n’en pas douter.

Jean Ferrat, c’était aussi cette France simple habitée par des gens simples, cette France des vallons plutôt que cette France des salons. C’était un artisan et un orfèvre de la chanson française, un auteur révolté à taille humaine, l’engagement et la citoyenneté chevillés au corps. Indépendant, libre, il a été un compagnon des communistes dans leurs luttes. Un compagnon, pas un soldat de plomb au garde-à-vous, car il savait être critique avec sa propre famille, le parti communiste. Nous perdons un camarade, un référent qui montrait la voie de la résistance, nous perdons un aiguillon qui savait remettre le doigt sur les priorités, sur les urgences quand les beaux principes dérivent sans que l’on s’en rende compte.

Nous gardons à l’esprit son engagement sincère qui a guidé sa vie. Jean Ferrat a marqué son époque, et plus encore. Ils nous a ouvert la voie du passé et la voie des possibles. C’était un poète, un complice, un ami. Les trois vont nous manquer cruellement.

Michèle PICARD

deces Jean Ferrat140310

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