Lundi 27 mai 2013.

Retrouvez l’intervention de Michèle PICARD, à l’occasion de l’inauguration de la fin du chantier de réhabilitation de la copropriété Grandes Terres des Vigne, le Vendredi 24 mai 2013.

Le 31 mai 2010, après avoir franchi nombre d’obstacles un à un, pas à pas et main dans la main, nous lancions les travaux de l’opération Sauvegarde de la copropriété des Grandes Terres des Vignes. Nous sommes réunis, trois ans plus tard, pour constater la renaissance de cette copropriété ; fruit d’une volonté de fer des équipes municipales successives, et d’une mobilisation sans faille des pouvoirs publics, des partenaires, pour lutter contre la résignation et améliorer concrètement la qualité de vie des habitants.

La copropriété, composée de 301 logements, a été construite en 1960. De nombreuses familles, souvent à revenus modestes, ont pu, dans ces années, acquérir leur logement. La ghettoïsation de certains quartiers, les étés chauds de 81-83, ont entraîné une dépréciation brutale des valeurs patrimoniales des copropriétés. Les familles populaires en ont été les plus affectées.

La mise en place de la première Opération expérimentale d’Amélioration de l’Habitat, dès 1997, a permis de remobiliser les copropriétaires. 15 copropriétés de Vénissieux, situées sur le plateau des Minguettes et de Max Barel, en ont bénéficié. En 2005, les deux copropriétés repérées comme les plus fragiles, le Montelier 2 et Les Grandes Terres des Vignes, ont pu profiter d’un plan de sauvegarde.

Ce dispositif partenarial d’exception a permis de redresser durablement ces deux copropriétés en grande difficultés, et les aider à sortir de ce processus de dévalorisation. Il convient de souligner la forte mobilisation des énergies pour l’intérêt général : des copropriétaires, du comité syndical, du syndic, des collectivités, de nos partenaires, et de l’État. Elle aura été déterminante pour améliorer les conditions de vie, pour revaloriser ce patrimoine, et accompagner les habitants dans la mise en œuvre du projet.

Je tiens à remercier en tout premier lieu les copropriétaires qui, dans un contexte de crises sociale et financière, sur le financement en fonds propres, ont réalisé un effort budgétaire conséquent, de l’ordre de 5000 à 8000€, calculé selon la taille du logement. Je sais combien cela a pesé sur les ressources de certains d’entre eux. Je veux aussi remercier tous nos partenaires qui ont contribué au redressement de la copropriété :

L’Agence Nationale pour l’Amélioration de l’Habitat (ANAH), le Grand Lyon, la Région, mais aussi Procivis, le Conseil général et la Caisse d’Allocations familiales, qui ont accompagné socialement les copropriétaires, notamment ceux le plus en difficultés ; et le Pact Arim, pour le pilotage du plan de sauvegarde.

Afin de réaliser ces travaux, les subventions publiques ont été indispensables. Elles se sont élevées à 5,7 millions d’euros sur les 7,5 millions nécessaires à la réalisation de cette opération. La Ville de Vénissieux a, pour sa part, pris en charge 1 085 000€, un engagement budgétaire important, dans un contexte financier difficile pour les collectivités.

Le plan de sauvegarde a tout d’abord permis d’engager une réhabilitation énergétique. D’importants travaux ont été entrepris : remplacement des fenêtres et volets, isolation thermique par l’extérieur et celle des toitures terrasses. Aujourd’hui, la consommation de chauffage a été divisée par deux, les dépenses d’énergie, d’abonnement au réseau de chaleur et de maintenance ont diminué de plus de 30%, par rapport à ce qu’elles seraient si les travaux n’avaient pas été réalisés. Pour 2013, la diminution devrait encore s’accentuer, puisque c’est la première année où l’ensemble de la copropriété est isolée thermiquement.

Des travaux d’amélioration du cadre de vie ont été réalisés, comme la mise en conformité des ascenseurs, la réhabilitation des cages d’escaliers, des coursives, des travaux de sécurité incendie, l’installation de ventilation et de paraboles collectives.

Le plan de sauvegarde a permis également un accompagnement des copropriétaires et du conseil syndical, afin de les sensibiliser aux économies d’énergies. Six volontaires en service civique qui participent à ce programme ont d’ores et déjà rencontré 70 familles, et distribué 200 kits d’économie d’énergie. Les travaux de la copropriété s’inscrivent pleinement dans l’agenda 21 de la ville, pour faire de Vénissieux, à l’horizon 2030, une ville humaine et durable.

D’autres actions ont été entreprises pour améliorer la qualité de vie des Vénissians, je pense notamment au « défi familles à énergie positive », qui sensibilise les habitants aux consommations énergétiques et aux émissions à effet de serre ; ou à l’appartement pédagogique économe, situé en plein cœur des Minguettes, pour mieux maîtriser les consommations d’énergies et d’eau.

Afin d’améliorer la vie des habitants, la Ville actionne tous les leviers : le logement dans sa diversité (location, accession sociale…). Aujourd’hui encore, nous portons une attention toute particulière aux copropriétés fragiles de Vénissieux, et défendons cette idée dans le cadre du PLUH.

Par ailleurs, la ville s’est engagée durablement dans le renforcement des services publics de proximité (Sur le plateau, c’est la présence de la maison des services publics et ses trois entités : préfecture, conseil général et ville, que la ville défend d’arrache-pied). La ville soutient l’implantation de commerces, et notamment de commerces de proximité. Nous avons voulu des équipements publics de qualité pour la pratique du sport, la culture : c’est par exemple, le cinéma Gérard Philipe et l’école de musique Jean Wiener… L’équipe municipale fait preuve d’une ferme volonté pour allier l’urbain à l’humain, sans quoi, il ne peut y avoir de bien-être des habitants.

La Ville agit aussi pour l’emploi, dans un contexte difficile. Le Parc Bourdarias, fort de ses 20 entreprises installées au cœur des Minguettes, témoigne de cette détermination. Autour du groupe hospitalier des portes du Sud, nous voulons développer de l’activité. D’ailleurs, le laboratoire Carso vient d’officialiser son implantation dans le secteur. Il occupera l’éco-parc du Couloud. Cette entreprise, qui compte 550 employés, a l’objectif d’arriver à 700 emplois.

Depuis l’arrivée du Tramway, le plateau des Minguettes s’est transformé. De nombreux projets sortent de terre : Vénissy, la ZAC Armstrong, le futur lycée Jacques Brel, l’immeuble le Corallin, avec des services sociaux et médicaux de proximité, et des locaux destinés aux entreprises, artisans et professions médicales.

La ville mène de grands projets structurés et structurants, pour améliorer la qualité de vie des habitants. Mais cette qualité de vie passe aussi par un droit à la sécurité pour tous. C’est une mission régalienne de l’État. Cependant, la ville travaille, avec la police nationale et nos partenaires, sur ces questions qui pourrissent la vie de nos quartiers. Comme nous le faisons sur le secteur des Grandes Terres des Vignes, où plusieurs réunions ont déjà eu lieu avec le conseil syndical, le syndic, le commissaire et la ville.

Mais la tranquillité c’est aussi l’affaire de chaque citoyen. Nous devons collectivement prendre en compte ces problèmes. Il y va de l’intérêt des habitants et de l’intérêt général.

Les politiques de la Ville ont été des leviers que Vénissieux a su utiliser. Cependant, si les effets de l’ANRU ont été positifs sur notre ville, la crise sociale actuelle laisse trop de gens sur le bord du chemin. Dans les zones ZUS, près d’un jeune sur deux est au chômage. L’échec scolaire combiné au manque de formation, hypothèque l’avenir de notre jeunesse. L’erreur serait de croire que la ville peut se substituer à l’État qui doit assurer ses missions régaliennes.

La réhabilitation des Grandes Terres des Vignes montre bien que si tout le monde œuvre dans le même sens, en mobilisant les moyens et les compétences, nous pouvons faire avancer partout le pacte républicain, et redonner espoir à nos populations.