Le 20 décembre

Retrouvez l’intervention de Michèle PICARD sur le rapport N°5 « Logement d’urgence pour les femmes victimes de violence », lors du conseil municipal du 19 décembre dernier.

Le logement d’urgence, que la Ville met à disposition des femmes victimes de violence, est une réponse concrète, une réponse de terrain, pour avancer sur cette question centrale : l’hébergement d’urgence, ou plutôt la pénurie d’hébergement d’urgence.

Sur le logement proprement dit, j’ai présenté ce projet au préfet, qui a attribué une dotation de 32 000€ pour sa remise en état. C’est un logement d’urgence qui répond à des situations d’urgence. Il constitue le sas, en quelque sorte, entre le départ du domicile conjugal et la mission d’accompagnement social qui commencera alors. Au sujet de cette mission d’accompagnement et des possibilités de relogement éventuel, la Ville travaille en étroite collaboration avec l’association FIL, dont les objectifs et dispositifs font l’objet d’une convention. A l’heure actuelle, cette procédure d’urgence fonctionnera sur les horaires de l’Hôtel de ville, avant d’être étendu ultérieurement au soir et au week-end.

La Ville a pris à bras le corps cette lutte contre les violences faites aux femmes, et pour la défense des droits des femmes. C’est un véritable fléau et c’est un fléau en augmentation. Dans son rapport, l’Observatoire de la délinquance constate en 2010 une hausse de 13% des violences faites aux femmes. Agir sur la prévention, agir sur la libération de la parole, agir auprès des adolescents et des jeunes adultes, c’est ce que nous faisons à travers le Festival Brisez le silence, et des campagnes de sensibilisation dans les collèges et lycées. Avec notre Collectif Femmes, avec l’association FIL, auprès du commissariat, nous actionnons plusieurs leviers, pour combattre ces violences brutales et inhumaines. A Vénissieux en 2010, 102 faits de violences conjugales ont été enregistrés, ce qui donne une idée de l’ampleur de ce fléau de société.

Sur la question de l’hébergement d’urgence, Vénissieux est là encore à la pointe du combat. En février dernier, nous avons initié une rencontre des élus de l’agglomération sur les droits des femmes, et les violences dont elles font l’objet, à laquelle a répondu présent une dizaine de villes. Nous avons rencontré des bailleurs, des associations, des acteurs de terrain, qui dressent le même bilan : il y a, dans notre agglomération et à l’échelle du territoire national, un manque criant d’hébergement d’urgence, sans oublier l’insuffisance des moyens financiers destinés aux nuitées d’hôtel.

Dans un courrier commun, les villes de Vénissieux, Saint-Fons, Vaulx-en-Velin, Rillieux-la-Pape, Pierre Bénite, Feyzin et Lyon, ont tiré la sonnette d’alarme auprès du préfet du Rhône, afin d’améliorer la prise en charge des femmes victimes de violence. Pour donner un ordre d’idée, la Maison de Veille Sociale fait état, pour les violences conjugales, de 45 demandes pour deux places disponibles.

Le gouvernement peut multiplier les belles envolées et les grands discours, mais tant que l’on n’aura pas résolu le faible nombre de places dans les centres d’hébergement, les femmes victimes de violence auront le choix entre le silence, l’omerta, ou l’errance urbaine. C’est ce que j’appelle un terrible et dramatique non-choix. Une pénurie insupportable et une pénurie aggravée par le budget 2011 de François Fillon : – 2% pour l’hébergement d’urgence par rapport à 2010, – 38% de subventions de l’Etat versées aux associations et permanences d’accueil, d’écoute et d’accompagnement des femmes victimes de violence.

Le droit des femmes est un sujet central de nos sociétés contemporaines. Il est un marqueur des périodes de régression, ou d’émancipation de notre histoire collective. Au Grand Rendez-Vous, j’ai annoncé la création à Vénissieux d’un festival féminin, par le biais de la culture et de la création, pour donner encore plus d’écho et de résonance à cet enjeu de civilisation : la place de la femme au 21^e siècle.