Le 8 décembre

Retrouvez l’intervention de Michèle PICARD lors de la présentation du projet « Chaufferie bois sur réseau de chaleur » par l’Agence Locale de l’Énergie, mercredi 7 décembre 2011

La question énergétique est un défi pour nos sociétés et nos modes de consommation. Tout le monde est d’accord, nous sommes sur un point de bascule, à un tournant qu’il convient de bien négocier. Mais ce défi énergétique dont je parle, ne doit pas être réduit uniquement à la question environnementale : il est à mon sens avant tout social. Toutes nos démarches passées ou actuelles, doivent être lues à la lumière de cet impératif : bâtir un réseau de chaleur qui nous permette de maîtriser les coûts pour les logements raccordés.

Lorsqu’en 2005, la Ville a pris la décision de construire la première chaufferie bois, nous avions déjà en tête d’apporter une réponse publique et égale, pour le droit au chauffage de tous les usagers. Malgré les défaillances techniques du concepteur-réalisateur, les faits nous donnent raison, et nous amènent à poursuivre nos efforts et réflexions.

Nous avons donc décidé de reconstruire la chaufferie bois, celle que nous allons visiter, et qui fonctionne, elle, très bien. Est venue s’ajouter la mise en service début novembre d’une chaufferie gaz de 15MW. Avec la reconstruction de la chaufferie bois et l’appoint de la chaufferie gaz, les rejets de CO2 ont été réduits de 46%, et les poussières de plus de 60%, par rapport à la situation que nous avions connue en 2009.

Oui, les faits nous donnent raison, dans la mesure où le « plus environnemental » nous permet également de diversifier nos ressources énergétiques, afin de sortir de la dépendance au fuel. Je ne nie pas que l’année 2010 pour certains foyers a été difficile, avec des augmentations notables de leur facture de chauffage. Mais la note aurait été encore plus salée, si nous n’avions pas décidé de réduire la part des combustibles haute viscosité.

Lors des 12 derniers mois, les cours du fioul et du gaz se sont envolés : respectivement +38% et +34% ! En l’espace de deux ans, les prix du fioul domestique ont augmenté de près de 45%. En matière d’isolation et d’écarts de consommation entre les différents bâtiments, du travail reste à accomplir. C’est la raison pour laquelle nous avons proposé aux bailleurs la mise en place d’un réseau de surveillance de consommation, en association avec les habitants. L’Etat et les partenaires doivent aussi agir en amont, en mettant en place et en proposant différents dispositifs, pour inciter les bailleurs à investir dans les opérations de réhabilitation, et de rénovations énergétiques.

Oui, cette approche sociale du défi énergétique est plus que jamais judicieuse et légitime. Il n’aura échappé à personne que la précarité énergétique, dans notre pays, est en augmentation. De plus en plus de familles ont du mal à payer leurs factures de chauffage. Résultat : on ne se chauffe pas, ou peu. Plus de 3,4 millions de foyers en font état aujourd’hui et, avec la crise actuelle, il y a fort à parier que la situation va s’aggraver.

Enjeu environnemental, enjeu de société aussi : c’est ainsi, à mon sens, qu’il faut raisonner, et c’est ainsi qu’il faut ouvrir le débat. La visite de la chaufferie bois aujourd’hui est une étape importante, mais surtout, elle constitue une rampe de lancement pour poursuivre nos efforts. Nous avons déjà adopté l’extension du réseau au centre-ville, de façon à raccorder, entre autres, le prochain îlot de logements Romain Rolland. En ligne de mire, nous avons comme objectif d’atteindre le seuil de 50% d’énergie renouvelable sur le réseau, à brève échéance.

Une nouvelle contribution au plan climat, qui profiterait également aux usagers puisque la TVA passerait de 19,6 à 5,5% pour leur consommation, soit en moyenne une économie de 10% sur leurs factures. Nous travaillons déjà activement sur plusieurs pistes pour y parvenir, et nous y travaillons avec sérieux et le sens de la mesure. Ces investissements sont des investissements d’avenir, mais aussi des investissements lourds. Depuis 2003, la Ville et son délégataire ont investi près de 15 millions d’€, pour diversifier les énergies, et améliorer le cadre environnemental, ce qui donne une idée des efforts fournis ici à Vénissieux. Il nous en reste à accomplir, tout autant pour le bien-être des Vénissians, que pour l’intérêt général.

Je vous remercie.