Retrouvez l’intervention de Michèle PICARD lors de la signature de la convention de partenariat Espace Pandora /Ville de Vénissieux/Région Rhône-Alpes/DRAC Rhône-Alpes, le vendredi 29 avril 2011

Il faut toujours des mots pour former une histoire. Originalité, confiance, complicité, proximité, audace, singularité, caractère, fidélité : ils pourraient être ceux-là, tels les sédiments qui s’additionnent, qui s’accumulent pour écrire plus de 25 ans de vie commune entre l’espace Pandora et la ville de Vénissieux.
Le livre, l’écrit, la poésie, trois passerelles pour circuler, sans frontières, sans visa, sans passeports, trois passerelles pour sensibiliser des publics ouverts, de plus en plus larges, trois passerelles pour diffuser l’action culturelle au cœur de nos quartiers, au cœur de notre quotidien. On peut être René Char ou Henri Michaux, on peut être Baudelaire ou Rimbaud, sonnet ou slam, Hugo ou Aragon, on peut même être tout ça à la fois, quand on ouvre un livre. La langue irrigue, l’imaginaire abolit le temps et les chimères matérielles, et nous sommes les premiers à être transportés sans nous déplacer. L’amour de l’écrit, de la rime riche ou de la rime pauvre, il est là, en chacun de nous, à qui veut faire ce petit pas de côté, ce pas de retrait vers l’imaginaire que l’Espace Pandora défend si bien, ici à Vénissieux.
Au bout de 25 ans, on pourrait croire qu’on se connaît trop, que Pandora c’est un peu Vénissieux et Vénissieux un peu Pandora, que cette histoire de soutenir à travers les mots une certaine idée de la culture populaire est une histoire ancienne : et bien non, notre relation commune est toujours aussi moderne, toujours aussi dense, toujours aussi fructueuse. Ce qui nous anime, je le crois sincèrement, c’est de ne pas se résigner à faire de notre langue, tout autant que de nos quartiers, des no man’s land de la création, de la curiosité, de la diversité. La société de consommation a créé les loisirs de consommation, nivelant les aspérités, gommant les marges et les subversions.
L’espace Pandora a pris le chemin inverse, celui de la contre-allée. Promouvoir la poésie, sous toutes ses formes, sous toutes ses coutures, organiser des manifestations culturelles, animer des ateliers d’écriture, des lectures publiques, à l’ère du tout marchand et du tout-consommable, c’est le tour de force répété et réalisé par l’association, qui a toujours fait preuve ici d’imagination et d’innovation.

En 1996, elle met en place le festival Parole Ambulante, premier festival de poésie de l’agglomération lyonnaise. Avec les établissements scolaires, les services municipaux, les associations comme Bizarre !…, les équipements culturels comme le cinéma Gérard Philipe, le théâtre et la Médiathèque, les manifestations, initiatives et festivals de l’espace Pandora fleurissent dans notre Ville.
J’images, Hors-cadre, Paroles Communes dans le cadre de la Semaine de la Langue française, Le Printemps des Poètes, Les Dix mots, partout cette volonté de faire vivre les mots, les phrases et l’écrit, de les déplacer d’endroits en endroits, de les affranchir de toutes formes de discrimination. C’est tout ce que nous aimons dans le terme de culture populaire : aller au devant des différents publics, sans snobisme aucun, faire vivre les mots dans la cité, casser les barrières sociales, culturelles et les pires barrières qui soient, les barrières comportementales.
Dans ce flot d’actions, je n’oublie pas de signaler, outre la publication d’ouvrages et de revues, que depuis deux ans l’espace Pandora accueille chaque année un écrivain en résidence pendant plusieurs mois. Alors oui, ici à Vénissieux, l’espace Pandora a semé, et ce sont tous nos habitants qui en ont récolté les fruits. Avec la convention que nous signons aujourd’hui entre l’Etat, la Région, que je tiens à remercier, notre Ville et l’Espace Pandora, nous récompensons en amont le travail fourni par l’association pour favoriser et impulser l’élan culturel.
Près d’un an et demi après la signature de la convention Scène Rhône-Alpes, l’ambition culturelle de Vénissieux ne se dément donc pas et nous pouvons en être fiers. Nous savons aussi que pour l’Espace Pandora un nouveau chapitre de son histoire va s’écrire sous nos yeux et que des nouveaux territoires vont s’ouvrir à ses audaces et imaginations. Pour autant, le cordon ombilical entre Pandora et notre commune n’est pas coupé, et son rayonnement à Vénissieux va se poursuivre à travers manifestations et actions liées également à la Politique de la Ville.
Dans le monde de l’écrit et de la création en général, que la politique des grands groupes communication aseptise, voire normalise, nous avons besoin d’îlot de résistance et nous avons besoin d’îlot d’éveil pour que les mots, la poésie circulent et infusent notre quotidien. L’Espace Pandora a œuvré de façon considérable pour faire de l’écrit un des piliers du lien social, du vivre ensemble.
La culture populaire avec un grand « C » s’est enracinée dans cet espace de liberté qu’est l’Espace Pandora. Merci donc à sa présidente, Geneviève Metge, à son directeur, Thierry Renard, à ses membres et adhérents, pour lesquels les mots sont des traits d’union entre les hommes, entre les quartiers, entre les cités.
Je vous remercie.