Rapport égalité hommes-femmes Enregistrer au format PDF

Conseil municipal du 17 décembre 2018
Vendredi 21 décembre 2018

Au moment où nous présentons le rapport sur la situation de l’égalité entre les femmes et les hommes, rapport qui montre l’engagement fort et durable de la ville de Vénissieux en faveur de l’égalité et des droits des femmes, la campagne mondiale de l’ONU « Tous unis pour mettre fin à la violence à l’égard des femmes et de filles » s’achève. Elle avait débuté le 25 novembre, Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes.

Aujourd’hui, la violence à l’égard des femmes et des filles est une des violations des droits de l’homme les plus répandues. La Déclaration sur l’élimination de la violence à l’égard des femmes, adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies en 1993, nous donne une définition très complète de la violence à l’égard des femmes, qu’il faut garder à l’esprit pour bien prendre conscience de tout le travail qu’il reste à mener : la violence à l’égard des femmes est définie comme « tout acte de violence dirigé contre le sexe féminin, et causant ou pouvant causer aux femmes un préjudice ou des souffrances physiques, sexuelles ou psychologiques, y compris la menace de tels actes, la contrainte ou la privation arbitraire de liberté, que ce soit dans la vie publique ou dans la vie privée ».

Selon l’Organisation mondiale de la santé, 1 femme sur 2 tuée dans le monde a été assassinée par son partenaire ou sa famille. En France, les chiffres sont terribles et empirent chaque année : une femme meurt tous les 3 jours sous les coups de son compagnon ou ex-compagnon.

Malheureusement, la violence à l’égard des femmes et des filles est aussi une des moins signalées car les victimes n’osent souvent pas se faire connaître, pour des raisons qui ne devraient plus exister et contre lesquelles nous devons lutter : sentiment de honte, peur des représailles, craintes quant à l’impunité ou la clémence dont bénéficieront les agresseurs, intériorisation de représentations selon lesquelles une femme victime de violence l’a mérité. En France, en 2018, 14,5 % des femmes déclarent avoir été victimes de violences sexuelles au cours de leur vie, mais le taux de plaintes n’est que de 12% pour les viols, et 10 % pour les agressions sexuelles.

En France, la question de l’égalité est de mieux en mieux prise en compte par le cadre législatif et réglementaire et par les politiques publiques, ce qui permet d’avancer dans la lutte contre les violences. D’énormes progrès ont été accomplis depuis la loi sur la répression du viol en 1980 : loi sur le harcèlement sexuel en 1992, loi de 2006 renforçant la prévention et la répression des violences au sein de couple, loi de 2014 pour l’égalité réelle entre les hommes et les femmes, loi de 2015 améliorant la protection des femmes demandeuses d’asile victimes de violences, et en août dernier la loi renforçant la lutte contre les violences sexuelles et sexistes, qui élargit notamment la définition du harcèlement en ligne.

Malgré tout, il reste encore beaucoup à faire. Les belles intentions affichées par les plans interministériels de lutte contre les violences faites aux femmes qui se sont succédés ne sont jamais suivies de moyens à la hauteur des enjeux. Malgré l’affichage de l’égalité entre les femmes et les hommes comme grande cause du quinquennat, le Président et le gouvernement actuels ne semblent pas encore avoir pris la mesure du problème : le fait que les politiques pour l’égalité femmes/hommes et contre les discriminations ne bénéficient que d’un Secrétariat d’État et pas d’un véritable Ministère n’est qu’un exemple.

La semaine dernière, le Haut Conseil à l’Égalité dénonçait un budget très largement insuffisant pour lutter contre les violences que subissent chaque année 225 000 femmes en France. En matière d’hébergement d’urgence surtout, l’État ne joue pas son rôle de protecteur des victimes : seules 5 000 places existent aujourd’hui, alors qu’il en faudrait 16 000 pour répondre à la demande. Un peu partout, les communes, les collectivités, les associations compensent le manque d’engagement de l’État, en finançant les mises à l’abri. A Vénissieux, nous avons fait le choix de mettre à disposition des femmes victimes de violence et de leurs enfants un logement, et de leur proposer un accompagnement social, en lien avec notre partenaire, l’association VIFFIL, et l’intervenante sociale du commissariat. Nous réfléchissons par ailleurs à mutualiser ce logement avec celui de la ville voisine de Saint-Fons, pour pouvoir, quand c’est nécessaire, faire bénéficier ces femmes d’un éloignement géographique plus important.

Longtemps, les violences faites aux femmes sont restées tues. Lentement, une prise de conscience de la société dans son ensemble sur l’ampleur de ces violences émerge, permettant de faire avancer la cause des femmes. L’année dernière, la forte médiatisation des mouvements MeToo ou Balancetonporc, l’implication et le témoignage de personnalités ont permis une prise de conscience sur le phénomène du harcèlement sexuel, qu’une grande majorité de femmes subissent à un moment ou un autre de leur vie sociale ou professionnelle. Ces mouvements ont eu pour effet de libérer la parole des victimes de viols et d’agressions sexuelles et de forcer l’opinion à les entendre. Ils ont parfois permis de mettre fin à l’impunité dont bénéficiaient les auteurs de ces actes.

Cette libération de la parole a été facilitée, et relayée, par les réseaux sociaux. Malheureusement, ces mêmes réseaux sociaux sont aussi devenus des outils pour les agresseurs : le cyber harcèlement est une forme de violence psychologique nouvelle, insidieuse, dont les conséquences sont bien réelles et durables : sentiment d’infériorité, repli sur soi, perte de confiance. Loin de ne concerner que les adolescents, ces pratiques ont essaimé partout, et notamment dans la sphère publique.

Il est déjà difficile aujourd’hui, pour une femme, de trouver sa place en politique. Les femmes ne représentent que 40% des élus à l’Assemblée nationale et 32% au Sénat. Malgré la parité imposée par la loi dans les assemblées locales, les femmes sont peu présentes dans les exécutifs : seuls 16% des Maires sont des femmes et elles ne sont que 10 à diriger un département. Or, si les hommes et les femmes politiques sont attaqués avec une virulence égale par le biais des réseaux sociaux, force est de constater que les femmes le sont souvent en raison de leur genre plus que de leur appartenance politique, tendance qui malheureusement se retrouve souvent dans les différents médias. Critiques liées au physique, au style vestimentaire, à l’âge, à la maternité…rien n’est épargné aux femmes qui font preuve d’engagement.

La politique, et les femmes engagées en politique, méritent mieux que ça. Ces propos nauséabonds, sous couvert de blogs ou de pages Facebook prétendant ouvrir un débat d’idées, témoignent de la lâcheté de leurs auteurs. Ils démontrent s’il en était encore besoin le courage et la persévérance dont font preuve les femmes engagées et élues en politique, malgré les attaques dont elles font l’objet, malgré les barrières qu’il reste à faire tomber. Les femmes ont toute leur place sur la scène politique, et malgré ces comportements indignes du débat public, il faut qu’elles soient de plus en plus nombreuses à s’engager et à faire entendre leur voix.

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