LANCEMENT DE LA COMMISSION :« Lutte contre la grande pauvreté : pour une vie digne » Enregistrer au format PDF

Intervention de Michèle Picard
Lundi 1er décembre 2008 — Dernier ajout mercredi 14 février 2024

Michèle PICARDAdjointe au Maire Déléguée à la Politique Sociale Lutte contre la Grande Pauvreté Droit des Femmes

Le 19 Novembre 2008

LANCEMENT DE LA COMMISSION « LUTTE CONTRE LA GRANDE PAUVRETE : POUR UNE VIE DIGNE »

La misère s’est développée. Elle prend des formes nouvelles. La situation des familles se dégrade de plus en plus. Elles vivent tellement sur la corde raide que le moindre accident de la vie les fait basculer très rapidement dans la pauvreté.

Les femmes, principalement, sont touchées par les bas salaires, le travail précaire, les temps partiels.

  • Les femmes seules avec enfants malgré les aides du Conseil Général,
  • Les femmes sans enfants qui ne reçoivent aucune aide,
  • Les femmes âgées dont les retraites ne suffisent pas pour vivre décemment,

Toutes sont frappées de plein fouet par la misère.

Et cette misère accule même certaines d’entre elles à la prostitution occasionnelle. Malheureusement aucune étude ne permet d’identifier le phénomène.

Les enfants subissent les répercussions de la misère tant familiales que psychologiques pouvant entraîner des difficultés scolaires, une insuffisance de repère, une dévalorisation et une difficulté à s’épanouir.

Le chômage, les emplois précaires, les bas salaires ne permettent plus de faire des projets de vie sur du long terme. Le nombre de travailleurs pauvres augmente. De nombreux SDF ont un emploi.

Etre malade peut avoir de lourdes conséquences quand on sait que les versements des indemnités journalières se font en deux fois et parfois tardivement.

De plus en plus de personnes percevant les minima sociaux comme l’allocation adulte handicapé, sont confrontées à des difficultés financières de plus en plus aiguës et l’ont remarque une dégradation de leurs conditions de vie.

Aux difficultés économiques s’ajoutent les difficultés institutionnelles. La complexité, la lenteur des procédures, les délais pour percevoir les aides plongent les usagers dans des situations inextricables, leur donnant un sentiment d’injustice qui peut se traduire par de la colère ou du renoncement.

Les hommes confrontés à de grandes difficultés financières sont touchés dans leur intégrité de chef de famille. La perte de ce rôle les plonge dans une grande détresse.

Les jeunes salariés rencontrent de grandes difficultés à s’insérer dans le monde du travail. Les bas salaires, les boulots précaires accentuent le manque de perspective d’avenir. Des jeunes sans formation, découragés sont en repli social. De nombreux étudiants vivent en dessous du seuil de pauvreté. Très peu de jeunes viennent spontanément dans les services sociaux et ceux qui font la démarche sont souvent isolés, en rupture familiale. Ils sont craintifs et ont le sentiment d’être dévalorisés. Ils ont besoin d’être mis en confiance pour dialoguer.

On constate une forte cohabitation dans les logements, voire une surpopulation. Des jeunes, des couples avec des accidents de parcours reviennent vivre chez leurs parents souvent avec leurs propres enfants.

Les sans papiers, les populations venues de l’Europe de l’Est sont acculés à vivre dans des squattes, dans des voitures. Ces phénomènes nouveaux risquent de prendre de l’ampleur dans les années à venir.

De nombreuses familles sont confrontées aux saisies, aux coupures d’énergie et aux expulsions.

On ne peut que constater l’augmentation des procédures qui, grâce au travail social ne vont pas jusqu’à l’expulsion.

  • Des familles ayant des revenus insuffisants ou irréguliers sont chaque année en procédure d’expulsion, elles se battent avec l’aide des services sociaux pour conserver leur logement.
  • Certaines familles asphyxiées par de lourds problèmes (familiaux, santé, psychologiques …) se retrouvent dans l’incapacité de gérer leur budget, les entraînant dans la spirale des procédures.
  • D’autres familles ne peuvent survivre qu’en occultant la gravité de leur situation. Elles gèrent donc seules au jour le jour leur endettement. Elles restent souvent éloignées des services sociaux.

Avec de telles difficultés financières les gens ont de plus en plus de mal à se soigner. De nombreuses familles vivent dans la plus grande précarité, leur dignité est bafouée. On remarque un phénomène de repli sur soi, des situations de détresse, des troubles de santé, des troubles psychologiques, voire des pathologies psychiatriques. Cependant, de nombreuses situations restent cachées, ignorées.

Cette grande détresse, ces appels au secours, ces troubles du comportement nécessitent un travail social différent et une analyse pointue. Je voudrais compléter mes propos par quelques chiffres : En France :

  • 7 millions de personnes vivent en dessous du seuil de pauvreté
  • il y a 2 millions de travailleurs pauvres
  • 30 % des SDF ont un emploi
  • plus de 2 millions d’enfants vivent sous le seuil de pauvreté
  • 16 000 enfants sont sans domicile fixe

Derrière ces chiffres, ce sont des hommes, des femmes et des enfants qui souffrent au quotidien. De nombreux spécialistes parlent de la pauvreté invisible. Notre volonté est bien de lever le voile et de la rendre visible.

Cette pauvreté n’est pas due au hasard ni à la fatalité. C’est bien la politique développée dans ce pays depuis plusieurs années qui a généré cette situation.

La vie chère, les bas salaires, les emplois précaires, les temps partiels, la hausse des loyers, les carburants et l’énergie pressurent de plus en plus les Français.

Les choix politiques du gouvernement plongent chaque jour un peu plus de Français dans la misère. En effet, les riches réclament et obtiennent toujours, avec le bouclier fiscal leurs impôts ne peuvent plus augmenter alors que les revenus des plus modestes sont toujours plus ponctionnés.

Face à la crise financière générée par les ogres de la finance, Nicolas Sarkozy fait des choix clairs : il offre aux banques, au capital, aux spéculateurs des milliards d’euros. Il réduit les budgets des collectivités, accentuent encore les inégalités en s’attaquant aux services publics.

Le gouvernement institutionnalise la précarité qui génère la misère. En bref, il accentue chaque jour la crise sociale.

Un plan d’urgence est nécessaire pour que des millions d’hommes, de femmes et d’enfants retrouvent leur dignité et leur intégrité.

La lutte contre la grande pauvreté est une priorité de notre mandat. Pour impulser et coordonner ce travail, nous créons une commission de lutte contre la grande pauvreté pour une vie digne

CES OBJECTIFS SONT :

Ø analyser concrètement la pauvreté en intégrant toutes les situations nouvelles Ø décrypter, dévoiler la pauvreté invisible

Ce travail nous aidera à :

Ø actualiser l’action sociale de la ville afin de répondre à l’évolution de la pauvreté Ø apporter des réponses diversifiées et mieux adaptées aux besoins des personnes Ø toucher les personnes qui ne viennent pas dans les services sociaux.

LES AXES DE TRAVAIL PRIORITAIRES SONT :

Ø les femmes et les enfants Ø la santé au sens large, physique, mentale et notamment celles des enfants.

Ces réflexions et analyses pourront permettre d’engager un débat avec les forces vives et les habitants. Mais ces questions devront également être portées auprès de l’Etat et des collectivités qui ont compétences.

CETTE COMMISSION SERA COMPOSEE :

Ø d’élus Ø des directions municipales Ø de personnes ayant les compétences dans ce domaine

Nous pourrons également inviter sur des thèmes précis des personnes compétentes.

NOTRE TRAVAIL S’APPUIERA SUR DES OUTILS :

Ø le diagnostic partenarial de la santé à Vénissieux réalisé par la Ville en 2007 Ø la mise en place du diagnostic social réalisé à travers l’activité de la ville et de ses partenaires Ø la mise en œuvre d’une étude précise et qualitative établie par un prestataire pour rendre compte de la situation sociale, de la grande pauvreté à Vénissieux

Cette commission n’est pas figée, je dirai même que nous verrons en marchant. Le mot commission n’est peut-être pas adapté non plus.

Aborder la misère ce n’est pas du technique et de l’arithmétique, mais du social, de l’humain.

Ce soir, c’est le lancement de cette commission qui contribue à son élaboration et sa future mise en place. C’est aussi, une façon de vous montrer de quelle manière nous allons travailler, vous impliquer.

Nous devons tous ensemble prendre la mesure de ce combat contre la grande pauvreté ; construire des réseaux de résistance.

Ce soir, des intervenants, des témoins de compétence prendront la parole. Ce type de réunion et de témoignage sont essentiels et seront réguliers.

Ce soir nous avons parmi nous :

  • Monsieur Patrick BRUN de l’agence d’urbanisme du Grand Lyon
  • Madame Nigar RIBAULT du conseil local de la santé mentale, psychiatre et responsable du centre de soin ambulatoire de Vénissieux/Saint-Fons

Elle est accompagnée de

  • Madame Nadine ZEKIAN cadre infirmier au même centre de santé
  • Monsieur Simon LAVABRE coordinateur du développement social de l’association « les Petits Frères des Pauvres » de Vénissieux
  • Monsieur Pascal DUREAU médecin généraliste à Vénissieux

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